Le délabrement avancé de l’administration djiboutienne sous l’autocrate Ismail Omar Guelleh est connu, notamment des agents administratifs eux-mêmes, des usagers et des observateurs. L’état des services publics en témoigne. Les montagnes d’ordures et les étendues d’eaux sales de la capitale, le montrent. C’est intenable.
Comme vous le savez, nous ne cessons de dénoncer la situation de la gouvernance publique à Djibouti. Nous le faisons non pour le plaisir de la citrique mais pour que des efforts d’amélioration soient menés. En vain.
Tout se passe comme si, du côté de l’appareil d’État, les officiels ne voyaient plus, n’entendaient plus, ne sentaient plus. Il y a absence aux apparences de présence. Alors, à quoi occupent-ils leurs journées, ces dames et messieurs aux titres ronflants ainsi que leurs subordonnés qui, tous, émargent au budget de l’État ? La question est pressante et pertinente. Elle est urgente pour quiconque se soucie de ce pays.
Beaucoup se contentent du service minimum, expédiant quelques tâches ici et là, avant de passer à autre chose. Beaucoup d’autres ne viennent même pas, ou plus. Ils sont des milliers à toucher un salaire sans travailler. Parmi ces derniers, il y a ceux qui vaquent à leurs occupations privées, ou pas : certains sont entrepreneurs et chassent les contrats sans concurrence, d’autres hantent les cafés et mabraz, d’autres restent tranquillement chez eux. Il y a aussi ceux qui ne vivent même plus à Djibouti et perçoivent leur salaire depuis l’étranger. C’est intenable.
Parmi ces payés-pour-ne-rien-faire, figure un certain Ismail Omar Guelleh, chef de l’administration en sa qualité de chef de l’État et du gouvernement. Il ne paraît presque plus au palais présidentiel, concordent nos sources. Les adeptes du salaire sans contrepartie y trouvent un encouragement à continuer.
De cet homme usé, certaines raisons objectives peuvent expliquer l’absence. Son état de santé est volontiers mis en avant, ce que ne démentent pas ses rares apparitions publiques qui le montrent se traînant à force de fatigue. Sa mine fantomatique et son essoufflement au moindre effort se passent de commentaire. Son âge est également agité en argument. Ce n’est pas spécieux compte tenu de sa vraie date de venue au monde. Il aurait au moins quatre ans de plus que sur son acte de naissance officiel et serait un vieil homme de quatre-vingt ans, non de soixante-et-seize ans. Dans un cas comme dans l’autre, il figure parmi le petit nombre de personnes qui franchissent le cap de soixante-dix ans à Djibouti où l’espérance de vie est estimée à 53 ans (https://www.emro.who.int/fr/dji/links/).
Reste que ni son âge, ni son état de santé ne peuvent l’excuser. Il occupe de très hautes fonctions et cette défaillance prolongée ne peut lui être pardonnée. En d’autres termes, s’il est désormais inapte à aller travailler, il doit en tirer les conséquences. Il doit faire valoir son droit au repos et se retirer du pouvoir. Il n’a pas d’autre option recevable, car son absence, et aucun effort de présence-absence (présence inactive) ne peut la combler, est intenable.
Devant cette situation, les autres institutions étatiques qui ont été impactées par la suspension des décaissements par le FADES, se seraient tournées vers l’autocrate Ismail Omar Guelleh. Embarrassé, ce dernier préparerait un décret ordonnant au ministre du budget, Isman Ibrahim Robleh, d’assurer le remboursement au FADES desdits financements en lieu et place des institutions défaillantes, à savoir la SIAF, l’Arulos, l’ONEAD et le Port de Tadjourah.
Bien entendu, la question centrale reste posée : Où est passé l’argent qui devait servir au remboursement des prêts contractés par la SIAF, l’ONEAD, l’Arulos et le Port de Tadjourah ? Nous y reviendrons. A suivre de près.