1- Le rôle de Saadiq dans l’appareil de l’État djiboutien
Saadiq, figure énigmatique, joue un rôle abscons dans le pouvoir à Djibouti. Prétendument lié à des activités commerciales et diplomatiques, son influence dépasse le cadre conventionnel. Il a agi comme intermédiaire clé dans les négociations avec le Kenya, favorisant des accords controversés pour le retrait de la candidature djiboutienne en échange d’avantages financiers et commerciaux. Sa proximité avec le pouvoir, notamment par des liens familiaux avec le président Ismaël Omar Guelleh, accentue les soupçons de collusion entre l’appareil étatique et les réseaux mafieux locaux, connus sous le nom de Qawlaysato. Ces connexions soulignent une instrumentalisation des institutions étatiques à des fins personnelles et criminelles.
2- Les discussions secrètes entre Djibouti et le Kenya ont-elles abouti ?
Les tractations entre Djibouti et le Kenya, bien que restées en coulisses, n’ont pas débouché sur des résultats conclusifs pour l’instant. Djibouti aurait proposé de retirer la candidature de Mahamoud Ali Youssouf à la présidence de l’Union Africaine en échange de compensations financières estimées entre 70 et 100 millions de dollars et de parts dans les infrastructures portuaires kényanes. Toutefois, les demandes jugées excessives par Nairobi ont retardé un accord définitif. Selon les révélations, les autorités kényanes ont préféré suspendre leurs décisions jusqu’à une évaluation plus approfondie des implications politiques et économiques. Ces pourparlers mettent en lumière une pratique où les ambitions nationales servent de levier pour des gains personnels et des transactions opaques.
3- Le candidat djiboutien se retirera-t-il à la dernière minute ?
Bien que le retrait de Mahamoud Ali Youssouf ait été évoqué, il reste incertain. Le régime djiboutien semble utiliser cette candidature comme une carte maîtresse dans ses négociations régionales et continentales. Le précédent du sabotage de la candidature de Fawzia Yusuf Adam, candidate somalienne, illustre l’aptitude de Djibouti à manipuler les alliances à son avantage, souvent au détriment de la solidarité régionale. La stratégie pourrait se prolonger jusqu’à la dernière minute, soit pour monnayer un accord favorable, soit pour renforcer l’image du régime en tant qu’acteur influent sur la scène africaine.
4- La mafia Qawlaysato, un risque pour l’Union Africaine ?
La possibilité que la mafia Qawlaysato, enracinée dans l’élite djiboutienne, étende son influence au sein de l’Union Africaine inquiète de nombreux observateurs. Cette organisation criminelle, qui contrôle des secteurs stratégiques comme les ports et le trafic d’armes, pourrait exploiter les structures de l’Union pour renforcer ses activités transnationales. L’histoire montre que des membres de cette mafia ont manipulé les institutions djiboutiennes pour blanchir de l’argent, participer à des trafics illicites et influencer les processus décisionnels régionaux. La présidence de l’Union Africaine pourrait ainsi devenir une plateforme de consolidation de pouvoir pour des acteurs mafieux, risquant de ternir l’image et l’efficacité de l’organisation continentale qui n’arrive toujours pas à se débarrasser du carcan de la Françafrique.
5- Les risques de la mafia Qawlaysato pour les réformes de l’UA de Kagame
La mafia Qawlaysato, influente en Afrique de l’Est et dans la Corne de l’Afrique, menace les réformes institutionnelles de l’Union africaine (UA) pilotées par Paul Kagame. Sa stratégie criminelle qui consiste à s’infiltrer dans les institutions politiques, exploitant la corruption pour affaiblir la gouvernance régionale. Cette mafia s’oppose aux objectifs de transparence et d’efficacité de Kagame. Leur implication pourrait discréditer les efforts de financement de l’UA et miner l’Agenda 2063.
Avec des racines dans les réseaux politico-mafieux de Djibouti, cette organisation fragilise les alliances régionales en favorisant des agendas occultes. Sans une mobilisation collective, les aspirations de transformation de l’UA risquent d’être paralysées par l’ombre de ces groupes criminels.
6– Réactions des politiciens somaliens :
Suivant de près via Saadiq, les révélations de manœuvres secrètes entre Djibouti et le Kenya ont profondément choqué les politiciens somaliens. Nombre d’entre eux ont exprimé leur colère contre le président djiboutien Ismaïl Omar Guelleh, qu’ils accusent de trahison. La pression exercée sur le président somalien pour retirer son soutien à Fawzia Yusuf Adam, candidate somalienne à la présidence de la Commission de l’Union africaine, a été perçue comme un « poignard dans le dos ». Ces actions ont intensifié les tensions régionales, de nombreux parlementaires somaliens dénonçant un mépris pour la solidarité entre États voisins frère, Djibouti et la Somalie. Mogadiscio se retrouve marginalisée dans cette lutte diplomatique, alimentant un sentiment d’injustice parmi ses dirigeants
Conclusion
La candidature de Mahamoud Ali Youssouf met en lumière des tensions multiples : rivalités régionales, manipulation des institutions continentales et pratiques mafieuses incrustées dans l’appareil étatique. Au-delà de l’élection, ces dynamiques soulèvent des questions cruciales sur l’avenir de l’UA. Si l’influence déclinante de la Françafrique a laissé un vide, l’émergence de réseaux criminels régionales comme la mafia Qawlaysato en tant qu’acteurs transnationaux représente un défi majeur pour la gouvernance africaine. La vigilance et une réforme institutionnelle rigoureuse sont nécessaires pour préserver l’intégrité et l’indépendance de l’Union Africaine face à ces pressions.
Hassan Cher
À Suivre…
English translation of the article in French.
Djibouti/UA/Kenya: Political rivalries, diplomatic dealings and mafia influence, the enigma of Djibouti’s candidacy for the African Union Commission
1- Saadiq’s role in the Djiboutian state apparatus
Saadiq, an enigmatic figure, plays an abstruse role in Djibouti’s power structure. Allegedly linked to commercial and diplomatic activities, his influence extends beyond the conventional framework. He acted as a key intermediary in negotiations with Kenya, facilitating controversial agreements to withdraw Djibouti’s bid in exchange for financial and commercial benefits. His proximity to the government, notably through family ties with President Ismaël Omar Guelleh, accentuates suspicions of collusion between the state apparatus and local mafia networks, known as Qawlaysato. These connections underline the instrumentalization of state institutions for personal and criminal ends.
2- Were the secret talks between Djibouti and Kenya successful?
Discussions between Djibouti and Kenya, although still taking place behind the scenes, have not yet produced any conclusive results. Djibouti has reportedly offered to withdraw Mahamoud Ali Youssouf’s candidacy for the presidency of the African Union in exchange for financial compensation estimated at between $70 and $100 million and shares in Kenya’s port infrastructure. However, Nairobi’s demands were deemed excessive, delaying an agreement.
According to the revelations, the Kenyan authorities preferred to suspend their decisions until a more thorough assessment of the political and economic implications. These talks highlight a practice in which national ambitions are used as leverage for personal gain and opaque transactions.
3- Will the Djiboutian candidate withdraw at the last minute?
Although Mahamoud Ali Youssouf’s withdrawal has been mooted, it remains uncertain. The Djibouti regime seems to be using this candidacy as a trump card in its regional and continental negotiations. The precedent of sabotaging the candidacy of Fawzia Yusuf Adam, the Somali candidate, illustrates Djibouti’s ability to manipulate alliances to its own advantage, often to the detriment of regional solidarity. The strategy could be extended right up to the last minute, either to monetize a favorable agreement, or to reinforce the regime’s image as an influential player on the African scene.
4- The Qawlaysato mafia: a risk for the African Union?
The possibility of the Qawlaysato mafia, rooted in the Djiboutian elite, extending its influence within the African Union is worrying many observers. This criminal organization, which controls strategic sectors such as ports and arms trafficking, could exploit the Union’s structures to strengthen its transnational activities. History shows that members of this mafia have manipulated Djibouti’s institutions to launder money, participate in illicit trafficking and influence regional decision-making processes. The presidency of the African Union could thus become a power consolidation platform for mafia players, risking tarnishing the image and effectiveness of the continental organization, which is still unable to shake off the straitjacket of Françafrique.
5- The risks posed by the Qawlaysato mafia to Kagame’s AU reforms
The Qawlaysato mafia, influential in East Africa and the Horn of Africa, threatens the institutional reforms of the African Union (AU) led by Paul Kagame. Its criminal strategy is to infiltrate political institutions, exploiting corruption to weaken regional governance.
This mafia is opposed to Kagame’s objectives of transparency and efficiency. Their involvement could discredit AU funding efforts and undermine Agenda 2063.
With roots in Djibouti’s mafia-political networks, this organization weakens regional alliances by promoting hidden agendas. Without collective mobilization, the AU’s transformation aspirations risk being paralyzed by the shadow of these criminal groups.
6 -Reactions from Somali politicians.
Following closely on the heels of via Saadiq, revelations of secret maneuvers between Djibouti and Kenya have deeply shocked Somali politicians. Many of them have expressed their anger at Djiboutian President Ismaïl Omar Guelleh, whom they accuse of treason. Pressure on the Somali president to withdraw his support for Fawzia Yusuf Adam, the Somali candidate for the presidency of the African Union Commission, was seen as a “stab in the back”. These actions intensified regional tensions, with many Somali parliamentarians denouncing a disregard for solidarity between sister states Djibouti and Somalia. Mogadishu finds itself marginalized in this diplomatic struggle, fuelling a sense of injustice among its leaders.
Conclusion
Mahamoud Ali Youssouf’s candidacy highlights multiple tensions: regional rivalries, manipulation of continental institutions and mafia-like practices embedded in the state apparatus. Beyond the election, these dynamics raise crucial questions about the future of the AU. While the waning influence of Françafrique has left a void, the emergence of regional criminal networks such as the Qawlaysato mafia as transnational players represents a major challenge for African governance. Vigilance and rigorous institutional reform are needed to preserve the integrity and independence of the African Union in the face of these pressures.
Hassan Cher
To be continued…
Share