Ismaël Omar Guelleh, président de Djibouti, s’est progressivement imposé comme un acteur controversé dans la crise opposant la Somalie et l’Éthiopie. En dépit de son petit pays, sa stratégie géopolitique a souvent fait de lui un personnage central dans les conflits de la Corne de l’Afrique. Cependant, derrière cette façade de médiateur, les récents événements montrent que ses tentatives d’influence dans la région et au-delà ont non seulement échoué, mais lui ont également causé des ennuis sur la scène internationale et affecté sa santé.
Une Médiation en Trompe-l’œil dans la Crise Somalie-Éthiopie
La crise entre la Somalie et l’Éthiopie s’est envenimée à la suite d’un accord entre Addis-Abeba et le Somaliland, une région sécessionniste de la Somalie, accordant à l’Éthiopie un accès stratégique à la mer Rouge. Ce pacte, signé le 1er janvier 2024, a été vivement rejeté par le gouvernement fédéral somalien, qui considère cette entente comme une violation flagrante de sa souveraineté. Alors que la Turquie prenait la tête des négociations pour tenter d’apaiser les tensions entre les deux pays voisins, Guelleh, par l’intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères, s’est illustré par des déclarations provocantes.
Le 13 août 2024, dans une interview accordée au journal Asharq Al-Awsat, le ministre djiboutien des Affaires étrangères, Mahmoud Ali Youssouf, a ouvertement exprimé son scepticisme quant à la réussite des efforts de médiation turcs. Ce scepticisme cachait mal l’agenda caché de Djibouti, qui cherchait à récupérer les discussions pour les orienter en fonction de ses propres intérêts. En prétendant jouer un rôle stabilisateur au sein de l’IGAD, Guelleh semblait chercher à manipuler les tensions entre la Somalie et l’Éthiopie pour mieux asseoir son influence régionale. Lien : https://aawsat.com/
Le Sabotage des Discussions en Turquie
Le 2 septembre 2024, lors d’une rencontre à Pékin, le président de Djibouti, Ismaël Omar Guelleh, a tenté de convaincre le président chinois Xi Jinping de permettre à la Chine d’intervenir dans les négociations entre la Somalie et l’Éthiopie. Sous couvert de diplomatie, Guelleh proposait que la Chine prenne en charge la médiation, dans l’espoir de présenter cette intervention comme une victoire stratégique du BRICS sur l’OTAN, puisque la Turquie, un membre influent de l’OTAN, dirigeait déjà les pourparlers. Ce projet cynique visait à exacerber les tensions entre ces deux blocs de pouvoir tout en repositionnant Djibouti comme un acteur clé dans les négociations.
Cependant, la manœuvre n’a pas fonctionné comme prévu. À l’arrivée du président somalien Hassan Sheikh Mohamoud à Pékin le 3 septembre 2024, Guelleh, visiblement inquiet de ne pas être le premier à le rencontrer, a tenté de le joindre à plusieurs reprises par téléphone. Agacé par ces appels incessants, le protocole somalien a décidé de ranger le téléphone du président dans leur sac à main pour éviter ces tentatives répétées de contact téléphonique de la part de Guelleh.
Le président somalien Hassan Sheikh Mohamoud, refusant de jouer le jeu de Guelleh, a continué d’ignorer ses tentatives de contact téléphonique et a préféré organiser des rencontres avec d’autres leaders régionaux, notamment le président de l’Érythrée, Issayas Afewerki.
Le 4 septembre 2024, lors du Forum sino-africain, la situation a pris une tournure plus sérieuse lorsque les autorités chinoises ont découvert que Guelleh cachait un agenda machiavélique derrière sa proposition de médiation. En réalité, Guelleh cherchait à discréditer les efforts de la Turquie pour régler le conflit somalo-éthiopien et espérait créer des tensions entre la Chine et l’Occident. Informée de ces intentions par la délégation somalienne, la Chine a rapidement rejeté le projet de Guelleh (Shidaarad Gerisa).
Face à la découverte de son stratagème, Guelleh a perdu toute crédibilité lors du Forum sino-africain. Humilié et contraint de reconnaître son échec, il a quitté précipitamment Pékin le 5 septembre, avant la fin du sommet.
Cet épisode marque un tournant pour Guelleh, dont les manipulations (Shidaarad Gerisa), autrefois efficaces, sont désormais dévoilées et rejetées sur la scène internationale.
Le Boomrang : Un Machiavélisme qui se retourne contre lui
D’après le roman « Vous qui passez » de Léo-Paul Desrosiers : « Un péché, c’est un boomerang que tu lances et qui te revient infailliblement sur la figure et te la défonce. »
Les conséquences de cet épisode ne se sont pas limitées à l’échec diplomatique cuisant, Guelleh a quitté la Chine précipitamment, humilié et désavoué. Ce revers diplomatique majeur n’a fait qu’ajouter aux pressions qu’il subit sur la scène internationale. En tentant de tirer les ficelles dans une crise régionale complexe, il s’est retrouvé pris au piège de ses propres machinations.
À son retour à Djibouti, Guelleh, accablé par la défaite de son projet, a commencé à montrer des signes de fatigue et de malaise. Il a commencé à se rabattre sur la bouteille. Quelques jours plus tard, il a subi un malaise chez lui et a sollicité une évacuation médicale d’urgence aux États-Unis d’Amérique sous-prétexte qu’il ne faisait pas confiance aux français s’il est évacué sur Paris. Sa demande a été refusée, Washington ne souhaitant pas servir d’ambulance diplomatique. Finalement, sa famille l’a évacué en France, mais sa santé n’a cessé de se détériorer.
Problèmes de Santé : Une Fin de Règne en Déclin ?
La pression des médias somaliens et les rumeurs sur sa santé, notamment des spéculations concernant un AVC ou une mort clinique, ont incité sa famille à le ramener précipitamment à Djibouti le 29 septembre 2024.
Le matin du 7 octobre 2024, Guelleh est apparu publiquement pour la première fois depuis ces incidents, lors de l’inauguration d’une cantine à l’université de Djibouti. Soutenu par ses gardes du corps, il est chancelant, incapable de tenir un discours cohérent, avec des troubles d’élocution et une désorientation évidente. Il manifestait des signes de confusion mentale, confirmant les informations recueillies auprès des proches de la Première Dame de Djibouti, selon lesquelles il souffrirait d’une atteinte cérébrale et d’une grave infection rénale. Lien : https://fb.watch/v4dPsUPUKE/
Cette apparition visait à rassurer le public sur sa capacité à gouverner, mais elle a plutôt confirmé les rumeurs persistantes concernant sa santé. Le 7 octobre 2024 vers 12 h, il aurait fait un nouveau malaise dans sa résidence, suscitant des inquiétudes quant à une possible nouvelle évacuation sanitaire vers Paris. Le soir même, des unités militaires du pays auraient été placées en état d’alerte totale, renforçant les spéculations sur une détérioration grave de son état de santé et sur les conséquences politiques potentielles de cette situation.
Alors que certains comparent la situation à celle vécue par l’Algérie sous le règne de feu Abdelaziz Bouteflika, des questions demeurent quant à l’avenir politique du pays. Une évacuation d’urgence pourrait être imminente, avec des répercussions à la fois nationales et régionales.
Derrière la façade du leader fort et omniprésent, Ismaël Omar Guelleh semble désormais acculé, tant sur le plan de sa santé physique que sur le plan diplomatique. Ce qui devait être un projet machiavélique pour renforcer son influence dans la Corne de l’Afrique s’est retourné contre lui, exposant ses faiblesses au grand jour. L’humiliation de Pékin, conjuguée à ses problèmes de santé, laisse entrevoir une fin de règne proche pour cet homme qui, pendant des décennies, a régné en parrain sur Djibouti.
En conclusion, Ismaël Omar Guelleh a peut-être longtemps su manœuvrer dans l’ombre, mais ses récentes tentatives de manipulation sur la scène internationale montrent que son pouvoir vacille. La Corne de l’Afrique pourrait bien se retrouver, dans un avenir proche, libérée de l’influence toxique de cet homme qui, de médiateur autoproclamé, est devenu l’artisan de ses propres échecs. Ainsi, la stratégie manipulatrice et toxique de Guelleh, surnommée « Shidaarad Gerisa », s’effondre là où il s’y attendait le moins : à Pékin, la capitale chinoise, chez le pays avec lequel il espérait prolonger son règne grâce à leur soutien ou leur protection.
Hassan Cher
The English translation of the article in French.
Djibouti: Caught red-handed in Beijing, Guelleh’s Machiavellian plan unerringly backfires, plunging him into a state of health and diplomatic confusion.
Ismaël Omar Guelleh, President of Djibouti, has gradually established himself as a controversial player in the crisis between Somalia and Ethiopia. Despite his small size, his geopolitical strategy has often made him a central figure in conflicts in the Horn of Africa. However, behind this façade of mediator, recent events show that his attempts to influence the region and beyond have not only failed, but have also landed him in trouble on the international stage and affected his health.
Mediation in the Somalia-Ethiopia Crisis
The crisis between Somalia and Ethiopia has escalated following an agreement between Addis Ababa and Somaliland, a breakaway region of Somalia, granting Ethiopia strategic access to the Red Sea. The pact, signed on 1 January 2024, was roundly rejected by the federal Somali government, which regards the agreement as a flagrant violation of its sovereignty. While Turkey took the lead in negotiations to try and ease tensions between the two neighbouring countries, Guelleh, through his Minister of Foreign Affairs, made provocative statements.
On 13 August 2024, in an interview with the newspaper Asharq Al-Awsat, Djibouti’s Minister of Foreign Affairs, Mahmoud Ali Youssouf, openly expressed his scepticism about the success of Turkish mediation efforts. This scepticism did little to conceal Djibouti’s hidden agenda, as it sought to hijack the talks and steer them towards its own interests. By claiming to play a stabilising role within IGAD, Guelleh appeared to be seeking to manipulate tensions between Somalia and Ethiopia to better establish his regional influence. Link : https://aawsat.com/
Sabotage of the mediation in Turkey
On 2 September 2024, at a meeting in Beijing, the President of Djibouti, Ismaël Omar Guelleh, tried to convince Chinese President Xi Jinping to allow China to intervene in the negotiations between Somalia and Ethiopia. Under the guise of diplomacy, Guelleh proposed that China take over the mediation, in the hope of presenting this intervention as a strategic victory of the BRICS over NATO, since Turkey, an influential member of NATO, was already leading the talks. This cynical plan was intended to exacerbate tensions between these two power blocs while repositioning Djibouti as a key player in the negotiations.
However, the manoeuvre did not work as planned. When Somali President Hassan Sheikh Mohamoud arrived in Beijing on 3 September 2024, Guelleh, clearly worried that he would not be the first to meet him, tried to reach him several times by telephone.
Annoyed by these incessant calls, the Somali protocol decided to put the President’s telephone in their handbag to avoid these repeated attempts by Guelleh to contact him by telephone.
Somali President Hassan Sheikh Mohamoud, refusing to play Guelleh’s game, continued to ignore Guelleh’s attempts at telephone contact, preferring instead to organise meetings with other regional leaders, notably the President of Eritrea, Issayas Afewerki.
On 4 September 2024, during the Sino-African Forum, the situation took a more serious turn when the Chinese authorities discovered that Guelleh was hiding a Machiavellian agenda behind his mediation proposal. In reality, Guelleh was seeking to discredit Turkey’s efforts to resolve the Somali-Ethiopian conflict and was hoping to create tensions between China and the West. Informed of these intentions by the Somali delegation, China quickly rejected Guelleh’s plan (Shidaarad Gerisa).
Faced with the discovery of his ploy, Guelleh lost all credibility at the Sino-African Forum. Humiliated and forced to admit his failure, he left Beijing in a hurry on 5 September, before the end of the summit.
This episode marks a turning point for Guelleh, whose manipulations (Shidaarad Gerisa), once effective, are now being exposed and rejected on the international stage.
Boomrang: Machiavellianism turned against him
Based on the novel ‘Vous qui passent’ by Léo-Paul Desrosiers: ‘A sin is a boomerang that you throw and that infallibly comes back in your face and smashes it.’
The consequences of this episode were not limited to a bitter diplomatic setback: Guelleh left China in a hurry, humiliated and disowned. This major diplomatic setback has only added to the pressure he is under on the international stage. By trying to pull the strings in a complex regional crisis, he found himself trapped in his own machinations.
On his return to Djibouti, Guelleh, overwhelmed by the defeat of his project, began to show signs of fatigue and malaise. He began to fall back on the bottle. A few days later, he collapsed at home and requested emergency medical evacuation to the United States of America on the pretext that he did not trust the French if he was evacuated to Paris. His request was refused, as Washington did not wish to act as a diplomatic ambulance. Eventually, his family evacuated him to France, but his health continued to deteriorate.
Health problems: a declining end to his reign?
Pressure from the Somali media and rumours about his health, including speculation about a stroke or clinical death, prompted his family to rush him back to Djibouti on 29 September 2024.
On the morning of 7 October 2024, Guelleh appeared publicly for the first time since these incidents, at the inauguration of a canteen at the University of Djibouti. Supported by his bodyguards, he was staggering, unable to make a coherent speech, with slurred speech and obvious disorientation.
He was showing signs of mental confusion, confirming the information gathered from those close to the First Lady of Djibouti that he was suffering from brain damage and a serious kidney infection. Link: https://fb.watch/v4dPsUPUKE/
This appearance was intended to reassure the public about his ability to govern, but instead confirmed persistent rumours about his health. At around 12 noon on 7 October 2024, he reportedly collapsed again at his residence, prompting concerns that he would have to be evacuated to Paris again. That same evening, the country’s military units were reportedly placed on full alert, reinforcing speculation about a serious deterioration in his state of health and the potential political consequences of this situation.
With some comparing the situation to that experienced by Algeria during the reign of the late Abdelaziz Bouteflika, questions remain about the country’s political future. An emergency evacuation could be imminent, with both national and regional repercussions.
Behind the facade of a strong and omnipresent leader, Ismaël Omar Guelleh now seems to be in a corner, both in terms of his physical health and diplomatically. What was supposed to be a Machiavellian project to strengthen his influence in the Horn of Africa has backfired, exposing his weaknesses for all to see. The humiliation in Beijing, combined with his health problems, suggests that the end of his reign is near for this man who, for decades, ruled Djibouti as godfather.
In conclusion, Ismaël Omar Guelleh may have been able to manoeuvre in the shadows for a long time, but his recent attempts at manipulation on the international stage show that his power is wavering. The Horn of Africa could well find itself, in the near future, free of the toxic influence of this man who, from being a self-proclaimed mediator, has become the architect of his own failures.
Guelleh’s manipulative and toxic strategy, dubbed ‘Shidaarad Gerisa’, is collapsing where he least expected it: in Beijing, the Chinese capital, in the country with which he hoped to prolong his reign thanks to their support or protection.
Hassan Cher
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