Les Djiboutiens et autres résidents étrangers du pays le savent, l’état des routes du pays est désastreux, que ce soit dans la capitale ou dans les régions. Nous y avons récemment consacré un article intitulé ‘’L’état désastreux des routes djiboutiennes’’. Nous avons notamment écrit : ‘’Sous prétexte de réforme, et en le rebaptisant Djibouti Ports Corridor Road (DPCR), IOG a rattaché le fonds d’entretien routier à l’autorité des ports et zones franches de Djibouti, présidée par l’incompétent Aboubaker Omar Hadi. Privée de ressources, la direction de l’équipement, rebaptisée Agence djiboutienne des routes (ADR), s’est retrouvée impuissante, ses crédits budgétaires dont la taxe de roulage ou vignette étant insuffisants par rapport aux besoins. Les routes ont payé et paient cher cette vraie fausse réforme dont le motif inavouable était de faire main basse sur les droits d’usage payés par les camions poids-lourds éthiopiens qui relient les ports de Djibouti-ville à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne’’.
Devant les dénonciations répétées du piteux état des routes, dénonciations par les usagers, par les gens ordinaires comme par les voix publiques responsables, l’autocrate Ismail Omar Guelleh donnait des instructions au ministre des infrastructures et de l’équipement, Hassan Houmed Ibrahim. Le 26 juin 2024, ce dernier émettait une note service écrite en ces termes : ‘’Le Conseil des ministres en sa séance du mardi 25 juin 2024 a décidé de procéder à l’annulation des dispositions du décret n°2018-319/PR/MET accordant la gestion exclusive du réseau de corridors routiers à la DPCR (Djibouti Ports Corridor Road, ndlr)’’. La note poursuivait : ‘’A ce titre, il est mis en place un Comité ad-hoc composé comme suit’’, donnant une liste de hauts fonctionnaires en poste à la primature et dans différents ministères et services autonomes de l’État tels que le ministère du budget, l’autorité des ports et zones franches de Djibouti (APZFD), le ministère des finances, le ministère des infrastructures et de l’équipement, ou encore le ministère de la fonction publique. Elle fixait clairement la mission de ce comité : ‘’procéder à l’arrêt des comptes bancaires et caisses, au transfert des actifs et passifs en relation avec les corridors routiers de la DPCR à la consolidation du bilan de l’ADR, mener toutes diligences nécessaires tendant à renforcer la réforme de la gestion des infrastructures routières’’.
Cette note commençait à circuler, notamment sur les réseaux sociaux, et redonnait quelque peu espoir à de nombreux Djiboutiens et autres résidents étrangers du pays. Tous s’attendaient à l’exécution de la note et à la renaissance de l’ADR comme des routes. C’était sans assez connaître un certain Ismail Omar Guelleh, président de la République et chef du gouvernement. Sur ses instructions, une autre note de service était signée par le même ministre des infrastructures et de l’équipement, Hassan Houmed Ibrahim, moins d’un mois plus tard, soit le 18 juillet 2024, pour annuler celle du 26 juin 2024. Il écrivait : ‘’Sont purement et simplement annulées les dispositions de la note n°420/MIE du 26 juin 2024 instituant un comité ad-hoc chargé de la passation de service entre l’Agence djiboutienne des routes (ADR) et Djibouti Ports Corridor Road ainsi que des propositions de nature à renforcer la réforme de la gestion des infrastructures routières. En conséquence, toutes les actions entreprises en vertu de la note des services précitée doivent être immédiatement suspendues. La présente note prend effet à compter de la date de sa signature’’. Cette note a été référencée n°518/MIE du 18 juillet 2024.
La question qui vient à tout esprit normalement constitué est de savoir pourquoi ce revirement en moins d’un mois. L’autocrate Ismail Omar Guelleh s’est-il subitement rendu compte que la note n’était pas prise en application d’un décret d’annulation ? Lequel devait être signé par lui-même en tant que chef du gouvernement à l’issue de ladite séance du Conseil des ministres. Non, car il lui aurait suffi dans ce cas de signer et de publier le décret d’abrogation qui aurait alors autorisé l’annulation de la note en question pour vice de forme et l’émission d’une autre note. Non, rien de tel qui aurait été au demeurant positif car républicain, insistent des sources concordantes approchées par La Voix de Djibouti. Selon elles, la note a été annulée pour de basses raisons de prédation des ressources publiques. Ismail Omar Guelleh aurait finalement décidé de continuer à abuser des recettes du Fond d’entretien routier, des ressources pourtant nécessaires à l’entretien et à la construction des routes.
Si la réforme avait abouti, ces ressources auraient échappé à l’autorité du corrompu et incompétent Aboubaker Omar Hadi et servi aux routes. Or, Hadi n’est autre que l’homme de Guelleh, celui par lequel ce dernier abuse des fonds publics des Ports, des Zones franches et du Fond d’entretien routier.
Guelleh revenant très vite à sa gestion routière par le ventre, les routes djiboutiennes attendront. Leur état désastreux perdurera aussi longtemps qu’un certain Ismail Omar Guelleh perdurera au pouvoir. A suivre de près.