Vendredi 14 juin 2024, vers 17 heures, le journaliste et défenseur des droits humains Charmarke Saïd Darar ainsi que plusieurs membres de sa famille ont été arrêtés par la police. Avec lui, ont été arrêtés ses trois sœurs majeures et son frère. Révulsée, la mère les a suivis jusqu’aux locaux de la police. Seul son père, alors absent, a échappé à l’arrestation.
Le journaliste et l’une de ses sœurs ont été conduits au commissariat de police de la Cité dite Hodan, sur la colline Farah Had, non loin de la maison familiale de Balbala Cheikh Moussa. Une autre sœur a été jetée au commissariat de police de la sous-préfecture de Balbala Cheikh Moussa et la troisième au poste de police de Hayabley, rattaché au commissariat dit de Hodan.
Dans les locaux policiers de Hodan à Farah Had, Charmarke Saïd Darar et sa sœur ont subi des actes de torture. Lui a été particulièrement ciblé par la violence. Il a été menotté, suspendu par les jambes et les bras à une barre de fer, les yeux bandés par un morceau de tissu imbibé d’un liquide irritant (eau de javel et ou détergent ? ), puis roué de gifles et autres coups de poing. Sans compter les crachats sur le visage, y compris dans les yeux. Sans compter la violence psychologique : il a fait l’objet de toutes sortes d’injures et de menaces de mort. Il a frôlé la mort par asphyxie.
Objectif : lui arracher des informations sur ses sources de journaliste de La Voix de Djibouti (LVD) et de défenseur des droits humains. Il lui était également hurlé de donner le mot de passe de son téléphone portable qui venait de lui être confisqué pour accès au contenu de l’appareil.
Parce qu’il résistait légitimement aux injonctions illégales des policiers, le journaliste a subi les actes de torture des heures durant. Mais, racontera-t-il à La Voix de Djibouti (LVD), il a tenu bon. Il a été libéré tard dans la nuit de samedi, après plus d’un jour de supplice et l’alerte rouge donnée par LVD. Il l’a été sans son téléphone portable, resté entre les mains de la police.
Les traces de la violence physique sont visibles sur le corps du démocrate. Il souffre des oreilles et des yeux. Il éprouve des maux de tête. ‘´Je ne parle même pas de la souffrance psychologique’´, a-t-il déclaré à l’un de nos collègues.
Sur les raisons de cette avalanche de violences, aucun motif autre que ses activités de journaliste et de défenseur des droits humains, n’a été porté à sa connaissance par les policiers. Il a donc été arrêté, détenu et torturé du seul fait de sa qualité de journaliste et de défenseur des droits de l’Homme, membre de la Ligue djiboutienne des droits humains (LDDH).
Rappelons que ce n’est pas la première fois que Charmarke Saïd Darar est arbitrairement visé par la police. Dans le passé, et à plusieurs reprises, cette dernière l’avait arrêté, ou plutôt enlevé, et détenu, ou plutôt séquestré, avec commission d’actes de violence sur lui.
Bien entendu, le journaliste et défenseur des droits humains se réserve le droit de porter plainte, même s’il ne se fait pas d’illusions sur le parquet de la République qui a tendance à protéger les tortionnaires plutôt que les victimes. A suivre de très près.