Qui a attaqué la ville de Doolow ?
Le 23 décembre 2024, la ville de Doolow, située dans la région de Gedo en Somalie, a été la cible d’une attaque orchestrée par des forces éthiopiennes. Selon le gouvernement fédéral somalien, cette agression, qualifiée de flagrante, visait plusieurs positions clés occupées par l’Armée nationale somalienne (SNA), l’Agence nationale de renseignement et de sécurité (NISA) ainsi que la police somalienne. L’attaque a provoqué des pertes humaines parmi les forces somaliennes et des civils, intensifiant les tensions entre les deux nations.
Y a-t-il un lien entre la délégation somalienne à Addis-Abeba et l’attaque de Doolow ?
Le contexte diplomatique ajoute une couche complexe à cet incident. Le jour même de l’attaque, une délégation somalienne, dirigée par le ministre d’État Ali Mohamed Omar dit Ali Balcad, était en visite officielle à Addis-Abeba. Cette mission visait à renforcer les engagements pris dans le cadre de la déclaration d’Ankara, signée précédemment pour réduire les tensions bilatérales.
Toutefois, l’attaque de Doolow semble contredire les efforts diplomatiques en cours, soulevant des interrogations sur une possible dissonance entre les actions militaires éthiopiennes et les engagements politiques affichés par les deux gouvernements. Le gouvernement somalien a fermement condamné l’attaque comme une violation de l’accord d’Ankara, mais aucune preuve directe n’indique que la présence de la délégation à Addis-Abeba ait influencé ou été exploitée pour justifier cet acte militaire.
Y a-t-il un lien entre la visite du ministre des Affaires étrangères de la Somalie en Égypte et l’attaque de Doolow ?
Parallèlement à ces événements, le ministre somalien des Affaires étrangères, Ahmed Moalim Fiqi, effectuait une visite officielle en Égypte. Cette rencontre visait à renforcer les relations bilatérales entre la Somalie et l’Égypte, notamment dans les domaines de la sécurité, de l’éducation et du développement économique. Cette visite met en lumière les efforts de Mogadiscio pour diversifier ses partenariats stratégiques dans la région.
Cependant, l’attaque de Doolow pourrait refléter une tentative de l’Éthiopie de rappeler son influence sur la Somalie, notamment en réaction à ces partenariats croissants avec d’autres pays de la région comme l’Égypte et l’Érythrée. L’absence d’une corrélation directe entre la visite au Caire et l’incident de Doolow limite toutefois la pertinence d’un lien causal immédiat.
L’accord d’entente d’Ankara est-il menacé ?
L’accord d’Ankara, signé sous l’égide de la Turquie, a été présenté comme une avancée historique pour résoudre les tensions entre la Somalie et l’Éthiopie, notamment sur des questions sensibles comme l’accès de l’Éthiopie à la mer. Toutefois, l’attaque de Doolow menace directement les principes de cet accord, fondés sur la coopération régionale et le respect mutuel.
Cette violation pourrait affaiblir la confiance entre les deux nations, compromettant les efforts diplomatiques entrepris depuis des mois. Le gouvernement somalien a publiquement dénoncé cette agression comme une infraction à l’accord et aux principes de l’Union africaine, signalant une potentielle escalade des tensions si des mesures correctives ne sont pas prises rapidement.
Conclusion : Vers une stabilité fragile
L’attaque de Doolow marque un tournant critique dans les relations entre la Somalie et l’Éthiopie. Bien que l’incident souligne des divergences sous-jacentes dans l’application de l’accord d’Ankara, il met également en évidence l’importance d’une médiation continue pour prévenir une détérioration irréversible des relations bilatérales. La diplomatie, soutenue par des acteurs régionaux et internationaux comme la Turquie, demeure essentielle pour naviguer dans ces eaux tumultueuses et favoriser une coexistence pacifique dans la Corne de l’Afrique.
Hassan Cher
English translation of the article in French.
Somalia/Ethiopia: Mogadishu accuses Addis Ababa of carrying out a military attack on the town of Doolow.
Who attacked the town of Doolow?
On December 23, 2024, the town of Doolow, located in the Gedo region of Somalia, was the target of an attack orchestrated by Ethiopian forces. According to the Somali federal government, the attack, described as blatant, targeted several key positions occupied by the Somali National Army (SNA), the National Intelligence and Security Agency (NISA) and the Somali Police. The attack caused casualties among Somali forces and civilians, intensifying tensions between the two nations.
Is there a link between the Somali delegation in Addis Ababa and the Doolow attack?
The diplomatic context adds a complex layer to this incident. On the very day of the attack, a Somali delegation, led by Minister of State Ali Mohamed Omar aka Ali Balcad, was on an official visit to Addis Ababa. The purpose of the mission was to reinforce commitments made under the Ankara Declaration, signed earlier to reduce bilateral tensions.
However, the Doolow attack seems to contradict ongoing diplomatic efforts, raising questions about a possible dissonance between Ethiopian military actions and the political commitments displayed by the two governments. The Somali government strongly condemned the attack as a violation of the Ankara Agreement,
but there is no direct evidence that the delegation’s presence in Addis Ababa influenced or was exploited to justify this military act.
Is there a link between the Somali Foreign Minister’s visit to Egypt and the Doolow attack?
In parallel with these events, the Somali Foreign Minister, Ahmed Moalim Fiqi, was on an official visit to Egypt. The aim of the meeting was to strengthen bilateral relations between Somalia and Egypt, particularly in the fields of security, education and economic development. The visit highlights Mogadishu’s efforts to diversify its strategic partnerships in the region.
However, the Doolow attack could reflect an attempt by Ethiopia to recall its influence over Somalia, particularly in reaction to these growing partnerships with other countries in the region such as Egypt and Eritrea. The absence of a direct correlation between the Cairo visit and the Doolow incident, however, limits the relevance of an immediate causal link.
Is the Ankara Agreement under threat?
The Ankara Agreement, signed under the aegis of Turkey, was presented as a historic step forward in resolving tensions between Somalia and Ethiopia, particularly on sensitive issues such as Ethiopia’s access to the sea. However, the Doolow attack directly threatens the principles of this agreement, based on regional cooperation and mutual respect.
This violation could weaken trust between the two nations, jeopardizing the diplomatic efforts undertaken months ago. The Somali government has publicly denounced this aggression as a breach of the agreement and the principles of the African Union, signalling a potential escalation of tensions if corrective measures are not taken quickly.
Conclusion: Towards fragile stability
The Doolow attack marks a critical turning point in relations between Somalia and Ethiopia. While the incident highlights underlying divergences in the implementation of the Ankara Agreement, it also underscores the importance of continued mediation to prevent an irreversible deterioration in bilateral relations. Diplomacy, supported by regional and international players such as Turkey, remains essential to navigating these turbulent waters and fostering peaceful coexistence in the Horn of Africa.
Hassan Cher
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