Le dimanche 15 décembre 2024, la nomination par décret présidentiel de Saadaq Omar Hassan, connu sous le nom de Saadaq Joon, comme assistant de sécurité et commandant adjoint au sein de l’Agence nationale de renseignement et de sécurité (NISA) de la Somalie soulève des questions épineuses. En raison de ses liens personnels avec le président djiboutien, Ismaïl Omar Guelleh, étant son gendre depuis 2022, cette décision a attiré l’attention de la communauté nationale et internationale.
- Quels intérêts sous-jacents à la nomination de Saadaq Joon ?
La nomination de Saadaq Joon peut être perçue comme une tentative de renforcer l’influence du président djiboutien, Ismaïl Omar Guelleh, en Somalie. En mariant sa fille à Saadaq Joon et en soutenant sa promotion au sein du NISA, Guelleh semble vouloir consolider une alliance stratégique et garantir un contrôle sur des décisions importantes touchant la sécurité et la gouvernance de la Somalie.
Les éléments suivants illustrent ces intérêts :
– Accès à des ressources économiques: Djibouti entretient un vif intérêt pour les projets pétroliers et les ressources naturelles en Somalie. Renforcer un lien familial avec une figure influente comme Saadaq Joon pourrait faciliter des investissements stratégiques.
– Influence régionale: Dans un contexte où les États de la Corne de l’Afrique rivalisent pour l’influence, Guelleh pourrait chercher à asseoir son contrôle indirect sur les institutions somaliennes. Saadaq Joon, à la fois homme politique et militaire, pourrait être un outil idéal pour ce dessein.
Cependant, ces intérêts personnels risquent de se heurter à des enjeux éthiques et diplomatiques majeurs.
- Un conflit d’intérêt ou une ingérence dans la souveraineté somalienne ?
La nomination de Saadaq Joon peut être interprétée comme un conflit d’intérêt et une ingérence dans la souveraineté somalienne, pour plusieurs raisons :
**Conflit d’intérêt
– Le lien familial entre Saadaq Joon et le président Guelleh soulève des soupçons de népotisme. Il pourrait être difficile pour Saadaq Joon de faire preuve d’une indépendance totale dans ses fonctions, étant donné que ses décisions pourraient être influencées par son beau-père.
– Saadaq Joon pourrait être tiraillé entre son devoir envers la Somalie et sa loyauté familiale envers Djibouti.
**Ingérence dans les affaires somaliennes
– En recommandant la nomination de son gendre, Guelleh intervient directement dans la politique interne de la Somalie. Cela pourrait être perçu comme une tentative de subvertir l’indépendance des institutions somaliennes.
– Une telle influence externe pourrait affaiblir la crédibilité du gouvernement somalien auprès de sa population et de la communauté internationale.
- Une menace à la lutte contre Al-Shabaab ?
La lutte contre Al-Shabaab dépend de la coordination efficace des forces de sécurité somaliennes et de leur indépendance vis-à-vis d’influences extérieures.
**Impact potentiel de la nomination
– Risque de fragmentation des services de renseignement : Les divisions claniques ou les alliances personnelles pourraient miner l’efficacité du NISA. Saadaq Joon pourrait être perçu comme un représentant d’intérêts étrangers, ce qui affaiblirait la cohésion des opérations contre Al-Shabaab.
– Compromission des opérations: Toute allégation de collusion ou de fuites d’informations sensibles pourrait permettre à Al-Shabaab de contourner ou de neutraliser des opérations de sécurité.
**Risque de perception publique
– Les Somaliens pourraient perdre confiance dans le NISA s’ils considèrent que ses responsables sont influencés par des intérêts étrangers.
- Une menace pour les relations Somalie-USA ?
Les États-Unis jouent un rôle crucial dans le soutien financier et opérationnel de la lutte contre le terrorisme en Somalie. Cependant, cette nomination pourrait compliquer cette relation.
**Problèmes possibles :
– Perte de confiance: Les États-Unis pourraient percevoir cette nomination comme un signe de fragilité institutionnelle ou de corruption, ce qui pourrait les amener à réduire leur soutien.
– Risque de fuites d’informations: Si des liens directs entre Saadaq Joon et Djibouti compromettent la sécurité des informations partagées, cela pourrait entraîner une réduction de la collaboration sur le renseignement.
**Opportunités de mitigation
Le gouvernement somalien pourrait travailler à rassurer ses partenaires internationaux en renforçant la transparence et la supervision des opérations du NISA.
- Une menace pour l’accord tripartite Égypte/Somalie/Érythrée ?
L’accord tripartite vise à renforcer la coopération politique, économique et sécuritaire entre ces trois nations stratégiques. La nomination de Saadaq Joon pourrait affecter cet équilibre fragile.
**Conséquences possibles :
– Tensions diplomatiques: Si l’influence de Djibouti à travers Saadaq Joon est perçue comme excessive, cela pourrait provoquer des frictions avec les partenaires de la Somalie dans cet accord.
– Risques pour la coopération sécuritaire: Une perception de manque d’indépendance de la Somalie pourrait amener l’Égypte ou l’Érythrée à réévaluer leur engagement dans l’accord.
- Les tensions politiques internes en Somalie liées à cette nomination
La nomination de Saadaq Joon a créé une vive controverse sur la scène politique interne en Somalie. Plusieurs points alimentent ces tensions :
**Opposition des figures politiques locales
- De nombreux politiciens somaliens perçoivent cette nomination comme une menace pour l’autonomie des institutions somaliennes. Les critiques dénoncent un processus opaque influencé par des intérêts extérieurs.
- Certains responsables considèrent Saadaq Joon comme un acteur polarisant qui pourrait exacerber les divisions claniques au sein du NISA et au-delà.
**Réactions de la société civile
- Les activistes et les leaders d’opinion somaliens ont exprimé leurs inquiétudes sur les réseaux sociaux. Ils craignent que cette nomination affaiblisse la confiance dans les institutions publiques et creuse les fractures politiques.
**Risque de blocage institutionnel
- Certains opposants au sein du parlement somalien pourraient utiliser cette nomination comme prétexte pour bloquer d’autres initiatives gouvernementales, compromettant ainsi la stabilité politique.
Conclusion
La nomination de Saadaq Joon au NISA représente une décision stratégique, mais controversée, qui suscite des questions sur les intentions et les impacts à court et à long terme. Si elle peut renforcer certains liens stratégiques avec Djibouti, elle soulève également des problèmes éthiques, de souveraineté et de sécurité. L’avenir de la stabilité régionale dépendra de l’équilibre entre les intérêts stratégiques et la nécessité de préserver l’intégrité des institutions somaliennes.
Hassan Cher
English translation of the article in French.
Somalia/Djibouti: Appointment of Saadaq Joon to NISA, between Djibouti’s Influence, Political Controversies and Sovereignty Challenges in Somalia
On Sunday, December 15, 2024, the appointment by presidential decree of Saadaq Omar Hassan, known as Saadaq Joon, as security assistant and deputy commander within Somalia’s National Intelligence and Security Agency (NISA) raises thorny questions. Because of his personal ties to Djibouti’s president, Ismaïl Omar Guelleh, being his son-in-law since 2022, this decision has attracted national and international attention.
- What are the underlying interests behind Saadaq Joon’s appointment?
Saadaq Joon’s appointment can be seen as an attempt to strengthen the influence of Djibouti’s president, Ismaïl Omar Guelleh, in Somalia. By marrying his daughter to Saadaq Joon and supporting his promotion within NISA, Guelleh appears to be seeking to consolidate a strategic alliance and ensure control over important decisions affecting Somalia’s security and governance.
The following elements illustrate these interests:
– Access to economic resources: Djibouti has a keen interest in oil projects and natural resources in Somalia. Strengthening a family link with an influential figure like Saadaq Joon could facilitate strategic investments.
– Regional influence: in a context where states in the Horn of Africa are vying for influence, Guelleh could seek to consolidate his position in the region.
Saadaq Joon, both a politician and a military man, could be an ideal tool for this purpose.
However, these personal interests are likely to come up against major ethical and diplomatic challenges.
- A conflict of interest or interference in Somali sovereignty?
Saadaq Joon’s appointment can be interpreted as a conflict of interest and interference in Somali sovereignty, for several reasons:
**Conflict of interest
– The family link between Saadaq Joon and President Guelleh raises suspicions of nepotism. It could be difficult for Saadaq Joon to demonstrate complete independence in his duties, given that his decisions could be influenced by his father-in-law.
– Saadaq Joon could be torn between his duty to Somalia and his family loyalty to Djibouti.
**Interference in Somali affairs
– By recommending the appointment of his son-in-law, Guelleh is intervening directly in Somalia’s internal politics. This could be seen as an attempt to subvert the independence of Somali institutions.
– Such external influence could weaken the Somali government’s credibility with the population and the international community.
- A threat to the fight against Al-Shabaab?
The fight against Al-Shabaab depends on the effective coordination of Somali security forces and their independence from outside influences.
**Potential impact of the appointment
– Risk of fragmentation of intelligence services: Clan divisions or personal alliances could undermine NISA’s effectiveness. Saadaq Joon could be perceived as a representative of foreign interests, weakening the cohesion of operations against Al-Shabaab.
– Compromise of operations: Any allegations of collusion or leaks of sensitive information could enable Al-Shabaab to bypass or neutralize security operations.
**Public perception risk
– Somalis could lose confidence in NISA if they perceive its officials to be influenced by foreign interests.
- A threat to Somalia-US relations?
The United States plays a crucial role in providing financial and operational support for the fight against terrorism in Somalia. However, this appointment could complicate this relationship.
**Possible problems :
– Loss of confidence: the USA could perceive this appointment as a sign of institutional fragility or corruption, which could lead them to reduce their support.
– Risk of information leaks: If direct links between Saadaq Joon and Djibouti compromise the security of shared information, this could lead to a reduction in intelligence collaboration.
**Mitigation opportunities
The Somali government could work to reassure its international partners by strengthening transparency and oversight of NISA operations.
- A threat to the Egypt/Somalia/Eritrea tripartite agreement?
The tripartite agreement aims to strengthen political, economic and security cooperation between these three strategic nations. Saadaq Joon’s appointment could affect this fragile balance.
**Possible consequences :
– Diplomatic tensions: If Djibouti’s influence through Saadaq Joon is perceived as excessive, it could cause friction with Somalia’s partners in this agreement.
– Risks for security cooperation: A perception of Somalia’s lack of independence could lead Egypt or Eritrea to reassess their commitment to the agreement.
- Internal political tensions in Somalia linked to this appointment
Saadaq Joon’s appointment has created considerable controversy on Somalia’s internal political scene. Several points are fuelling these tensions:
**Opposition from local political figures
– Many Somali politicians see the appointment as a threat to the autonomy of Somali institutions. Critics denounce an opaque process influenced by outside interests.
– Some officials see Saadaq Joon as a polarizing actor who could exacerbate clan divisions within NISA and beyond.
**Civil society reactions
– Somali activists and opinion leaders have expressed their concerns on social networks. They fear that this appointment will weaken confidence in public institutions and deepen political rifts.
**Risk of institutional deadlock
– Some opponents within the Somali parliament could use this appointment as a pretext to block other government initiatives, thereby compromising political stability.
Conclusion
Saadaq Joon’s appointment to NISA represents a strategic but controversial decision, raising questions about both short- and long-term intentions and impacts. While it may strengthen certain strategic ties with Djibouti, it also raises ethical, sovereignty and security issues. The future of regional stability will depend on the balance between strategic interests and the need to preserve the integrity of Somali institutions.
Hassan Cher
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