Quels types de matières premières, la Russie cherche-t-elle à exploiter en Afrique ?
La Russie cherche à exploiter plusieurs types de matières premières en Afrique, en s’appuyant sur son expertise dans le domaine de l’exploration géologique et de l’exploitation minière. Voici les principaux éléments à retenir :
La Russie s’intéresse particulièrement aux ressources minérales suivantes en Afrique :
– Diamants
– Métaux précieux : or, argent, platine, palladium
– Métaux de base : cuivre, nickel, cobalt
– Métaux des terres rares
– Uranium
– Phosphates
– Minerais de fer
– Bauxite (pour l’aluminium)
Plusieurs facteurs expliquent l’intérêt de la Russie pour les matières premières africaines :
- **Diversification des sources d’approvisionnement** : Dans un contexte de sanctions internationales, la Russie cherche à sécuriser son accès aux ressources stratégiques.
- **Influence géopolitique** : Le contrôle de ressources clés permet à la Russie d’accroître son poids sur la scène internationale.
- **Opportunités économiques** : L’Afrique représente un marché important pour l’expertise russe en matière d’exploration et d’exploitation minière.
- **Alliances stratégiques** : La Russie propose des « alliances sur les matières premières » pour réguler les marchés mondiaux.
Les activités russes d’exploration et d’exploitation se concentrent notamment dans les pays cibles suivants :
– Bénin
– Soudan
– Djibouti
– Angola
– République centrafricaine
– Zimbabwe
– Algérie
– Tchad
– Mozambique
– Sierra Leone
– Mali
La société d’État russe Rosgeo joue un rôle central dans ces projets d’exploration en Afrique. D’autres instituts géologiques russes sont également impliqués.
Le 14 novembre 2024, la Douma russe a adopté un budget de financement de 500 millions de roubles en 2025 pour financer des projets d’investissement dans les pays africains. Cela témoigne de l’importance stratégique accordée à ce partenariat russo-africain dans le domaine des matières premières.
En conclusion, la Russie adopte une approche globale visant à exploiter une large gamme de ressources minérales en Afrique, en mettant l’accent sur les minéraux stratégiques et les métaux précieux. Cette stratégie s’inscrit dans une volonté plus large de renforcer son influence économique et géopolitique sur le continent africain.
Pourquoi la Russie s’intéresse-t-elle autant à Djibouti, malgré l’absence apparente de matières premières connues dans son sous-sol ?
L’intérêt marqué de la Russie pour Djibouti, malgré l’absence apparente de ressources naturelles connues dans son sous-sol, peut sembler paradoxal à première vue. Cependant, plusieurs facteurs expliquent cet intérêt stratégique :
- Position géographique stratégique :
Djibouti occupe une position géographique unique à l’entrée de la mer Rouge, contrôlant l’accès au canal de Suez. Cette localisation en fait un point de passage crucial pour le commerce maritime international. La Russie, en renforçant sa présence à Djibouti, peut ainsi accroître son influence sur les routes commerciales maritimes mondiales.
- Présence militaire et influence géopolitique :
Djibouti abrite déjà plusieurs bases militaires étrangères. Bien que la Russie n’ait pas encore de base militaire dans le pays, une présence économique accrue pourrait ouvrir la voie à une influence militaire future. Cela permettrait à la Russie d’étendre sa présence dans une région stratégique.
- Diversification des partenariats africains :
L’intérêt de la Russie pour Djibouti s’inscrit dans une stratégie plus large de renforcement des liens avec les pays africains. En développant des partenariats dans divers domaines, y compris l’exploration géologique, la Russie cherche à diversifier ses alliances et à renforcer son influence sur le continent africain.
- Contrepoids à l’influence occidentale :
En s’impliquant activement à Djibouti, la Russie peut chercher à contrebalancer l’influence des puissances occidentales dans la région, notamment celle des États-Unis qui disposent d’une importante base militaire dans le pays.
Des sociétés russes d’exploration des matières premières sous-sol actives à Djibouti ?
Selon les informations disponibles, il apparaît que des sociétés russes sont effectivement actives dans l’exploration des ressources naturelles à Djibouti. Le ministre russe des Ressources naturelles, Alexandre Kozlov, a déclaré lors du récent Forum Russie-Afrique que la société russe Rosgeo mène des activités de prospection et de recherche de gisements dans plusieurs pays africains, dont Djibouti.
Rosgeo, également connue sous le nom de Rosgeology, est la plus grande société d’exploration géologique de Russie. Elle dispose d’une expertise reconnue dans la planification et la conduite d’explorations géologiques, ainsi que dans le développement de gisements. La présence de Rosgeo à Djibouti s’inscrit dans le cadre d’une stratégie plus large de la Russie visant à renforcer sa coopération économique avec les pays africains, en particulier dans le domaine des ressources naturelles.
Cette présence russe dans le secteur de l’exploration à Djibouti n’est pas un cas isolé. En effet, Kozlov a mentionné que Rosgeo est également active dans d’autres pays africains tels que le Bénin, le Soudan, l’Angola et la République centrafricaine. De plus, des projets sont en préparation au Zimbabwe, en Algérie, au Tchad, au Mozambique, en Sierra Leone et au Mali.
L’intérêt de la Russie pour l’exploration des ressources naturelles en Afrique s’explique par plusieurs facteurs. Tout d’abord, la Russie possède une expertise considérable dans ce domaine, étant elle-même riche en ressources minérales. Le pays exploite 118 espèces de minéraux sur les 228 connues et occupe une position de leader mondial pour de nombreuses ressources stratégiques telles que le gaz, les diamants, le nickel, le cobalt, l’or, l’argent, le platine et le fer.
De plus, la Russie voit dans cette coopération avec les pays africains une opportunité de diversifier ses partenariats économiques, dans un contexte de tensions avec l’Occident et de sanctions économiques. En offrant son expertise et ses technologies dans le domaine de l’exploration géologique, la Russie cherche à renforcer son influence sur le continent africain et à accéder à de nouvelles sources de matières premières.
Pourquoi Guelleh n’officialise-t-il pas la présence des sociétés russes à Djibouti ?
La question de l’officialisation de la présence de Rosgeology à Djibouti par le président Ismaïl Omar Guelleh soulève plusieurs points intéressants. Bien que Djibouti soit effectivement un pays souverain capable de conclure des contrats avec n’importe quel autre pays du monde, la décision de ne pas officialiser publiquement la présence de Rosgeology peut s’expliquer par plusieurs facteurs.
Tout d’abord, il faut prendre en compte le contexte géopolitique complexe dans lequel se trouve Djibouti. Le pays abrite plusieurs bases militaires étrangères, notamment américaine, française, chinoise et japonaise. Cette situation unique fait de Djibouti un carrefour stratégique où s’entrecroisent les intérêts de nombreuses puissances mondiales. Dans ce contexte, le gouvernement djiboutien doit naviguer avec prudence pour maintenir un équilibre délicat entre ces différents acteurs.
L’officialisation de la présence de Rosgeology, une entreprise d’État russe, pourrait être perçue comme un rapprochement significatif avec la Russie, ce qui pourrait potentiellement froisser d’autres partenaires de Djibouti, en particulier les États-Unis et leurs alliés occidentaux. En effet, dans le contexte actuel de tensions entre la Russie et l’Occident, une telle annonce pourrait être interprétée comme un positionnement géopolitique de Djibouti en faveur de la Russie.
De plus, le secteur de l’exploration des ressources naturelles est souvent considéré comme sensible et stratégique. Les gouvernements peuvent parfois préférer maintenir une certaine discrétion sur les activités d’exploration en cours, notamment pour éviter de susciter des spéculations prématurées sur les potentielles découvertes ou pour ne pas attirer l’attention d’éventuels concurrents.
Il est également possible que le gouvernement djiboutien souhaite attendre d’avoir des résultats concrets de l’exploration menée par Rosgeology avant de communiquer officiellement sur cette coopération. Cette approche prudente permettrait d’éviter de créer des attentes trop élevées au sein de la population ou des investisseurs potentiels si les résultats de l’exploration s’avéraient décevants.
Enfin, il ne faut pas exclure la possibilité que des négociations soient encore en cours entre Djibouti et Rosgeology concernant les termes précis de leur coopération. Dans ce cas, le gouvernement djiboutien pourrait préférer attendre la finalisation de ces négociations avant de faire une annonce officielle.
Malgré cette absence d’officialisation publique, il est important de noter que la coopération entre Djibouti et Rosgeology n’est pas nécessairement secrète. Les déclarations du ministre russe des Ressources naturelles mentionnant les activités de Rosgeology à Djibouti indiquent que cette coopération n’est pas totalement cachée. Il s’agit plutôt d’une approche discrète, probablement dictée par des considérations diplomatiques et stratégiques.
Hassan Cher
The English translation of the article in French.
Djibouti/Russia: Why is Ismaïl Omar Guelleh covering up Russian mining exploration in Djibouti?
What types of raw materials is Russia seek to exploit in Africa?
Russia is looking to exploit several types of raw materials in Africa, drawing on its expertise in geological exploration and mining. Here are the main points to bear in mind:
Russia is particularly interested mineral resources in Africa:
– Diamonds
– Precious metals: gold, silver, platinum, palladium
– Base metals: copper, nickel, cobalt
– Rare earth metals
– Uranium
– Phosphates
– Iron ore
– Bauxite (for aluminum)
Several factors explain Russia’s interest in African raw materials:
1.**Diversification of supply sources**: Against a backdrop of international sanctions, Russia is seeking to secure its access to strategic resources.
- **Geopolitical influence**: Control of key resources enables Russia to increase its influence on the international stage.
3 **Economic opportunities**: Africa represents an important market for Russian mining and exploration expertise.
4.**Strategic alliances** : Russia proposes “commodity alliances” to regulate global markets.
Russian exploration and mining activities are concentrated in the following target countries:
– Benin
– Sudan
– Djibouti
– Angola
– Central African Republic
– Zimbabwe
– Algeria
– Chad
– Mozambique
– Sierra Leone
– Mali
The Russian state company Rosgeo plays a central role in these exploration projects in Africa. Other Russian geological institutes are also involved.
On November 14, 2024, the Russian Duma adopted a budget of 500 million rubles in 2025 to finance investment projects in African countries. This testifies to the strategic importance attached to this Russian-African partnership in the field of raw materials.
In conclusion, Russia is adopting a comprehensive approach aimed at exploiting a wide range of mineral resources in Africa, with an emphasis on strategic minerals and precious metals. This strategy is part of a broader drive to strengthen its economic and geopolitical influence on the African continent.
Why is Russia so interested in Djibouti, despite the apparent absence of known raw materials in its subsoil?
Russia’s strong interest in Djibouti, despite the apparent absence of known natural resources in its subsoil, may seem paradoxical at first glance.
However, there are several reasons for this strategic interest:
- Strategic geographical position :
Djibouti occupies a unique geographical position at the entrance to the Red Sea, controlling access to the Suez Canal. This location makes it a crucial gateway for international maritime trade. By strengthening its presence in Djibouti, Russia can increase its influence on global maritime trade routes.
- Military presence and geopolitical influence :
Djibouti is already home to several foreign military bases. Although Russia does not yet have a military base in the country, an increased economic presence could pave the way for future military influence. This would enable Russia to expand its presence in a strategic region.
- Diversifying African partnerships:
Russia’s interest in Djibouti is part of a broader strategy to strengthen ties with African countries. By developing partnerships in various fields, including geological exploration, Russia is seeking to diversify its alliances and strengthen its influence on the African continent.
- Counterweight to Western influence:
By becoming actively involved in Djibouti, Russia can seek to counterbalance the influence of Western powers in the region, particularly that of the United States, which has a major military base in the country.
Are Russian underground commodity exploration companies active in Djibouti?
According to available information, it appears that Russian companies are indeed active in the exploration of natural resources in Djibouti.
Russia’s Minister of Natural Resources, Alexander Kozlov, stated at the recent Russia-Africa Forum that the Russian company Rosgeo is carrying out prospecting and exploration activities in several African countries, including Djibouti.
Rosgeo, also known as Rosgeology, is Russia’s largest geological exploration company. It has recognized expertise in the planning and conduct of geological explorations, as well as in the development of deposits. Rosgeo’s presence in Djibouti is part of a wider Russian strategy to strengthen economic cooperation with African countries, particularly in the field of natural resources.
This Russian exploration presence in Djibouti is not an isolated case. Indeed, Kozlov mentioned that Rosgeo is also active in other African countries such as Benin, Sudan, Angola and the Central African Republic. Projects are also in the pipeline in Zimbabwe, Algeria, Chad, Mozambique, Sierra Leone and Mali.
There are several reasons for Russia’s interest in exploring natural resources in Africa. Firstly, Russia has considerable expertise in this field, being itself rich in mineral resources. The country mines 118 of the 228 known mineral species, and is a world leader in many strategic resources such as gas, diamonds, nickel, cobalt, gold, silver, platinum and iron.
Moreover, Russia sees this cooperation with African countries as an opportunity to diversify its economic partnerships, against a backdrop of tensions with the West and economic sanctions. By offering its expertise and technologies in in the field of geological exploration, Russia seeks to strengthen its influence on the African continent and gain access to new sources of raw materials.
Why doesn’t Guelleh make the presence of Russian the presence of Russian companies in Djibouti?
The question of President Ismaïl Omar Guelleh’s formalization of Rosgeology’s presence in Djibouti raises several interesting points. Although Djibouti is indeed a sovereign country capable of concluding contracts with any other country in the world, the decision not to publicly formalize Rosgeology’s presence can be explained by several factors.
First of all, we need to take into account the complex geopolitical context in which Djibouti finds itself. The country is home to several foreign military bases, notably American, French, Chinese and Japanese. This unique situation makes Djibouti a strategic crossroads where the interests of many world powers intersect. Against this backdrop, the Djibouti government must navigate carefully to maintain a delicate balance between these different players.
The formalization of the presence of Rosgeology, a Russian state-owned enterprise, could be perceived as a significant rapprochement with Russia, which could potentially offend Djibouti’s other partners, in particular the United States and its Western allies. Indeed, in the current context of tensions between Russia and the West, such an announcement could be interpreted as Djibouti’s geopolitical positioning in favor of Russia.
Moreover, the natural resources exploration sector is often considered sensitive and strategic. Governments may sometimes prefer to maintain a certain discretion about ongoing exploration activities, notably to avoid sparking premature speculation about potential discoveries, or to avoid attracting the attention of potential competitors.
It is also possible that the Djiboutian government would like to wait for concrete results from Rosgeology’s exploration before officially communicating about this cooperation. This cautious approach would avoid raising expectations too high among the general public or potential investors, should the results of the exploration prove disappointing.
Finally, we must not rule out the possibility that negotiations are still underway between Djibouti and Rosgeology concerning the precise terms of their cooperation.
In this case, the Djiboutian government might prefer to wait for these negotiations to be finalized before making an official announcement.
Despite this lack of public formalization, it is important to note that cooperation between Djibouti and Rosgeology is not necessarily secret. Statements by the Russian Minister of Natural Resources mentioning Rosgeology’s activities in Djibouti indicate that this cooperation is not totally hidden. Rather, it is a discreet approach, probably dictated by diplomatic and strategic considerations.
Hassan Cher
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