État de santé, rumeurs et incertitudes politiques
Depuis le 20 septembre 2024, le président de Djibouti, Ismaïl Omar Guelleh, a fait l’objet de nombreuses spéculations et rumeurs concernant son état de santé. Âgé de 77 ans, Guelleh, au pouvoir depuis 1999, a été transporté à Paris pour y recevoir des soins médicaux à l’hôpital américain de Neuilly-sur-Seine. Cette évacuation a immédiatement suscité de nombreuses interrogations tant au sein de la population djiboutienne que dans les médias internationaux, notamment ceux de la Somaliland, sur la gravité de son état.
Les versions officielles et les rumeurs
Les autorités djiboutiennes ont rapidement cherché à calmer l’opinion publique en affirmant qu’Ismaïl Omar Guelleh se rendait en France pour un problème de genou. Cependant, cette explication n’a pas suffi à dissiper les spéculations, d’autant plus que des rumeurs provenant de la Somaliland ont affirmé que le président était cliniquement mort. Certains médias ont relayé cette information, soutenant que son état de santé serait beaucoup plus critique que ne le laissent entendre les versions officielles.
Face à cette situation, la présidence djiboutienne a publié, hier soir, lundi 30 septembre 2024 vers 18 heures, une vidéo montrant l’arrivée présumée d’Ismaïl Omar Guelleh à l’aéroport de Djibouti. Cette publication visait sans doute à apaiser les doutes et à montrer que le président est bel et bien vivant et en meilleure santé. Toutefois, cette vidéo a été rapidement remise en question par certains médias et observateurs, qui ont affirmé qu’il s’agissait d’une ancienne vidéo, probablement remontée pour rassurer la population.
Une absence remarquée au Conseil des ministres de ce mardi 1er octobre 2024.
Aujourd’hui, un autre signe de trouble est apparu. Ismaïl Omar Guelleh était attendu pour présider le Conseil des ministres, mais il n’a pas été présent. C’est son Premier ministre qui a dirigé la réunion, un fait rare et significatif. L’absence du président lors de cette session cruciale a renforcé les spéculations sur la gravité de son état de santé. En effet, Guelleh est connu pour tenir fermement les rênes du pouvoir, et une telle absence est perçue comme un signe inquiétant pour de nombreux observateurs.
Le fait que le Premier ministre ait pris les commandes de cette réunion pourrait être interprété comme un geste de continuité gouvernementale. Cela pourrait aussi indiquer que les autorités se préparent à une éventuelle vacance du pouvoir, bien que rien ne soit officiellement confirmé à ce stade.
Enjeux politiques autour de l’état de santé du président
L’absence prolongée ou la dégradation de l’état de santé d’Ismaïl Omar Guelleh a des implications majeures pour la stabilité politique de Djibouti. Ce pays stratégique de la Corne de l’Afrique, où se trouvent plusieurs bases militaires étrangères (notamment américaines et françaises), dépend en grande partie de la stabilité de son régime pour maintenir sa position géopolitique.
Guelleh, au pouvoir depuis plus de deux décennies, a réussi à centraliser les décisions autour de lui et de sa famille. Son retrait soudain ou son incapacité à continuer à gouverner pourrait plonger le pays dans une période d’incertitude politique, voire de lutte de pouvoir. Plusieurs figures de son gouvernement ou de son entourage pourraient chercher à s’affirmer dans une éventuelle transition, créant des tensions internes.
L’avenir du pouvoir à Djibouti
Pour l’instant, aucun plan de succession officiel n’a été annoncé, bien que des spéculations aient circulé. Toutefois, un changement de leadership à Djibouti, surtout dans des conditions aussi floues et précipitées, pourrait entraîner des rivalités au sein des élites politiques, militaires et avec les acteurs tapissés à l’ombre pour l’instant.
Le mystère qui entoure l’état de santé d’Ismaïl Omar Guelleh est donc loin d’être dissipé. Alors que des informations contradictoires circulent, la situation reste incertaine, et beaucoup dépendra des prochaines communications officielles. Si la vidéo publiée hier par la présidence était effectivement ancienne, cela pourrait être le signe que le président est dans un état plus grave qu’annoncé. L’absence d’un dirigeant aussi centralisé que Guelleh pourrait entraîner une période de transition politique délicate à Djibouti, un pays dont la stabilité est cruciale pour la région.
Conclusion
Alors que les spéculations se poursuivent et que les incertitudes s’accumulent, Djibouti entre dans une phase de vulnérabilité politique. L’absence d’Ismaïl Omar Guelleh au Conseil des ministres aujourd’hui ne fait que renforcer les doutes sur son état de santé réel. Les prochains jours, seront déterminants pour l’avenir du pays, tant sur le plan national qu’international. Le silence ou les contradictions des autorités djiboutiennes ne feront qu’aggraver l’inquiétude, à un moment où la stabilité de ce petit État stratégique de la Corne de l’Afrique est plus cruciale que jamais.
Hassan Cher
Share