Nous l’avons écrit ici, de nombreuses, anciennes et modestes familles djiboutiennes, comptant pas moins de 212 membres, ont vu, mercredi 6 mars 2024, leurs modestes habitations détruites par le pouvoir d’Ismail Omar Guelleh à Doraleh, aux abords de Djibouti-ville, la capitale djiboutienne. Ce, au motif qu’un projet dont ces modestes Djiboutiens savent peu aurait été programmé sur le site qu’ils occupent depuis toujours. Nous avons rappelé qu’ils étaient propriétaires de leurs parcelles de terrain sur leurs terres ancestrales et que, s’il doit y avoir expropriation pour raisons d’intérêt général, il existe une procédure légale que l’on appelle procédure d’expropriation. Nous avons souligné que, en l’espèce, l’argument de l’occupation du domaine public à titre précaire et révocable ne peut pas leur être opposé, de sorte que l’emploi brutal de la force publique contre des mères, des enfants et des pères sans défense releve de l’atteinte aux droits humains. Sur la nature du projet présumé mis en avant pour les chasser de leurs terres, nous avons indiqué que, selon nos premiers éléments d’information, il s’agirait de la construction d’un état-major pour les garde-côtes djiboutiens. Or, avons-nous rappelé, ce même état-major se dressait en bordure de la Route de Venise, à Djibouti-ville, et qu’il avait été rasé au cours de l’année écoulée de 2023 sur instructions de la famille du dictateur Ismail Omar Guelleh pour faire place nette pour un projet économique privé promu par des membres de sa propre famille. Nous avons révélé que ce serait un projet d’hôtel et de casino au profit de la fille ainée Fatouma-Awo Ismail Omar et de son époux Tommy Tayoro. Nous avons même ajouté que le projet serait désormais au nom du procureur général Djama Souleiman Ali, connu pour sa proximité d’affaires avec la famille régnante, ce qui fait de l’expropriation un acte illégal, nul et non avenu, car le motif d’intérêt général n’est pas constitué.
Ces familles meurtries ont été finalement arrachées de force aux ruines de leurs parcelles de terrain rasées et jetées sans ménagement loin de Doraleh, sur un lieu hospitalier de la région du PK20. Il n’y a, là-bas, ni eau potable, ni électricité, encore moins de route et de services publics. Ne parlons pas d’autre forme d’assistance. Les 212 personnes sont livrées à elles-mêmes, plus sinistrées que jamais.
Cet abus de pouvoir a été perpétré, sur instructions d’Ismail Omar Guelleh, par le chef de la 5ème sous-préfecture de Djibouti-ville qui couvre une partie de sa populeuse banlieue de Balbala, Awaleh Farah Chideh, par le directeur de la police, le colonel Abdourahman Moussa Kahin, et par le chef des Garde-côtes, le colonel Waiss Omar Bogoreh, celui-là même qui avait rasé avec ses hommes l’état-major des garde-côtes au profit de la famille dite présidentielle.
La Voix de Djibouti est allée revoir ses victimes et a recueilli leurs paroles. Elles manquent de mots pour décrire ce qu’elles éprouvent. Elles crient à l’abus de pouvoir et à l’abandon. Elles demandent à être rétablies dans leurs droits. Nous relayons leurs cris de désespoir.