A la fin de chaque mois, l’attente des salaires et son pesant de stress sont au rendez-vous pour les agents de l’État de Djibouti. Ils sont ainsi livrés à une incertitude sans fin, puisqu’ils ne savent pas si les salaires du mois écoulé sont disponibles. En réalité, ils ne sont jamais disponibles à temps depuis des mois et des mois.
De plus, il y a même une inégalité devant l’attente, puisque le chef du gouvernement, un certain Ismail Omar Guelleh, décide que certaines catégories de salariés sont prioritaires. Ce sont ceux qu’il craint, à savoir les militaires et autres membres des forces de sécurité ainsi que les enseignants, suivis des agents de la santé publique. Les militaires, policiers, gendarmes, agents des services spéciaux (service de documentation et de sécurité ou SDS) et autres garde-côtes sont ceux qui le protègent du peuple souffrant. S’ils ne sont pas payés, ils laisseront la contestation s’exprimer et balayer l’autocratie. Quant aux enseignants, ils sont potentiellement dangereux pour le pouvoir crépusculaire, car ils peuvent descendre dans la rue avec leurs élèves pour réclamer leurs salaires, ce qui pourrait vite tourner à l’insurrection populaire. A un degré moindre, les agents de la santé publique sont eux aussi craints. Une grève d’ampleur de leur part serait catastrophique pour les patients et, compte tenu du ras-le-bol général qui traverse le corps social, créerait l’étincelle d’une contestation généralisée.
Les autres salariés, parce qu’ils ne sont pas perçus comme une menace par le régime, en raison de leurs activités professionnelles et surtout de leur inorganisation, peuvent attendre. Ce sont les derniers de la file d’attente, sort auquel ils se résignent jusqu’ici. Plus leur résignation perdurera, moins ils seront pris au sérieux.
Les salaires du mois écoulé de février 2024 ne font donc pas exception, malgré le retour du mois de Ramadan et de ses dépenses. A ce jour du 22 mars 2024, des agents de l’État attendent encore leur paie de février ! Jusqu’à quand ? A suivre.