Le tronçon routier qui, à partir du carrefour Ali-Sabieh/Dikhil de la Route nationale 1, mène à Ali-Sabieh-ville, chef-lieu de la région du même nom, au sud-est de la République de Djibouti, a été récemment rénovée par une entreprise de la place dénommée Al Nasr. Une couche de béton bitumineux épaisse de 5 centimètres a été mise en place. Ce tronçon devrait donc offrir aux automobilistes de bonnes conditions de roulage. Or, ce n’est pas le cas. Celles et ceux qui l’ont emprunté sont nombreux à dire que cette chaussée pose problème.
Pour y voir plus clair, nous avons entrepris une enquête qui nous livre ses premiers éléments. En effet, nous avons obtenu confirmation d’un certain nombre d’anomalies liées aux travaux de réfection effectuées par Al Nasr sur cette route. En d’autres termes, l’entreprise qui a obtenu le contrat de réfection, n’a pas réalisé des travaux conformes au cahier des charges, c’est-à-dire aux règles de l’art. Elle n’a pas respecté ses obligations professionnelles.
Une première anomalie est l’irrégularité de l’uni longitudinal de la chaussée, ce qui signifie que la chaussée n’est pas unie dans le sens de la longueur. Cela a pour effet d’affecter le mouvement des véhicules, c’est-à-dire de le perturber.
Une seconde anomalie est que les ouvrages hydrauliques, par ailleurs déjà vétustes, ont été bouchés par le remblai mis en place. Il s’ensuit que, si de fortes pluies tombent, les eaux pluviales déborderont sur la route et l’abimeront.
Notre investigation relève un troisième problème. C’est un manque d’accotement, c’est-à-dire d’un espace aménagé entre le fossé et la chaussée. Or, l’accotement sert de talus de protection ou d’épaulement pour la chaussée.
Nous relevons encore que la réfection du tronçon n’est pas adaptée pour supporter les camions poids lourds. Or, la fréquence de passage des poids lourds de 40 tonnes sur cet axe est élevée. Cela réduira donc sa durabilité et imposera un entretien d’urgence incessant, augmentant le coût de la maintenance. Ce, d’autant que la structure d’une chaussée, disent les experts, s’use jusqu’à 10 000 fois plus vite avec un camion poids lourd qu’avec une voiture ordinaire.
On le voit, les travaux effectués par l’entreprise Al Nasr n’ont pas réellement remis en état ce tronçon routier et ne justifient pas l’argent public qui lui a été versé.
Mais alors pourquoi ces mauvais travaux ? Selon nos informations, le fléau de la corruption est passé par là. Cette entreprise serait protégée par un proche galonné de la famille de l’autocrate Ismail Omar Guelleh. Elle obtiendrait des marchés publics grâce à cet homme qu’elle récompenserait ensuite par des commissions substantielles au détriment de la qualité des ouvrages qu’elle réalise. Nous attendons la réaction de qui de droit. Nous attendons à la fois l’agence djiboutienne des routes (ADR), sa hiérarchie et un certain Ismail Omar Guelleh ? Nous nous réservons aussi le droit de révéler aux Djiboutiens le nom de l’officier supérieur que l’on dit impliqué dans cette affaire.