Le président de la République fédérale de Somalie, Hassan Cheikh Mohamoud, a accusé, samedi 17 février l2024, les forces de sécurité éthiopiennes d’avoir bloqué son véhicule pour l’empêcher d’accéder aux locaux de l’Union Africaine (UA) à Addis-Abeba, capitale éthiopienne. Devant la presse, il a raconté, en colère : ‘’Ce matin, les forces de sécurité éthiopiennes m’ont bloqué à mon hôtel (…) J’ai attendu longtemps et j’ai fini par monter dans la voiture d’un autre chef d’Etat (…) Une fois que nous sommes arrivés devant le bâtiment de l’UA, les forces de sécurité ont encore essayé de nous empêcher d’entrer’’. Il a appelé l’organisation continentale à condamner ‘’le comportement inacceptable’’ de l’Ethiopie.
Selon plusieurs sources, le président somalien a effectivement dû se faire conduire par son homologue djiboutien, Ismaïl Omar Guelleh. De plus, les voitures des ministres des affaires étrangères des deux pays ont été arrêtées à l’entrée du bâtiment de l’UA, ce qui a forcé les deux hommes à le rejoindre à pied, en violation du protocole diplomatique. ‘’Les Somaliens ne peuvent pas laisser passer cela, c’est une véritable offense’’, ont déploré plusieurs diplomates africains présents sur les lieux.
Pour sa part, le gouvernement éthiopien a, par la bouche de sa porte-parole, Billene Seyoum, affirmé que l’incident est dû ‘’au refus, par la délégation somalienne, de souscrire au dispositif de sécurité assigné par l’Ethiopie’’ et que les membres de la délégation somalienne ‘’ont tenté d’introduire des armes dans le périmètre de l’UA’’.
Le président Hassan Sheikh Mahamoud a quitté la capitale éthiopienne dans la même journée du samedi. Il a, auparavant, participé au sommet des chefs d’État et de gouvernement où il a notamment informé ses pairs de l’incident du matin et de la ‘’volonté éthiopienne d’annexion d’une partie du territoire somalien’’.
Ce ‘’manquement éthiopien aux règles élémentaires du protocole diplomatique’’, intervient dans un contexte de forte tension entre les deux pays suite à la signature en date du 1er janvier 2024 par le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed Ali, d’un mémorandum d’entente avec le président Moussa Bihi Abdi de l’État auto-proclamé du Somaliland que la communauté internationale considère comme une région somalienne. C’était d’ailleurs la première visite en Éthiopie du président somalien depuis cette signature. Par ce mémorandum d’entente, l’Éthiopie tentait de s’assurer d’un accès à la Mer Rouge par le contrôle d’une bande large de 20 kilomètres du territoire somalien à partir de sa frontière avec ce pays. En échange, Abiy Ahmed Ali promettait à Moussa Bihi Abdi d’explorer les possibilités d’une reconnaissance du Somaliland par son pays.
Le ministère somalien des affaires étrangères a demandé une enquête de l’Union africaine sur le grave incident qui a visé le Chef de l’État somalien en ce 17 février 2024 à Addis-Abeba. Sera-t-il entendu ?
En tout cas, l’UA a réitéré son appel au respect de l’intégrité territoriale, de l’unité et de la souveraineté de la Somalie.