Vous le savez, nos dernières éditions évoquent, encore une fois, la question de la mauvaise gouvernance à Djibouti. Elles le font à l’occasion de nouveaux rapports sur le pays, notamment par la Banque mondiale et la Banque africaine de développement. Ces documents pointent, malgré le langage diplomatique adopté, la gestion publique désastreuse du pouvoir en place. Ils pouvaient difficilement faire autrement, direz-vous.
Dans ces textes que nous avons consultés, il est recommandé aux gouvernants djiboutiens, par ne pas dire enjoint, de revoir leur gouvernance. Cela les embarrasse, car s’amender n’est pas dans leur mentalité.
Alors, ils tentent quelque chose dont ils sont coutumiers : le faux-semblant. Oui, écrire ou parler un peu pour faire croire qu’ils réagissent, alors qu’il n’en est rien. Il s’agit de dire pour ne rien faire.
C’est dans cette logique que s’inscrit une note de service qu’a adressée à ses services le ministre du budget du gouvernement d’Ismail Omar Guelleh. Le ministre Isman Ibrahim Robleh commence son texte par ces termes : ‘’L’information comptable et financière revêt plus que jamais une importance cruciale tant pour le pilotage des activités que pour la prise des décisions stratégiques nécessaires pour la mise en place d’une gestion saine et rigoureuse’’. Vous le notez, le ministre affirme que, plus qu’avant où elle comptait peu, ‘’l’information comptable et financière’’ est capitale. D’où le besoin de ‘’renforcer les compétences des agents comptables’’. Il avoue la mauvaise gestion publique à l’œuvre et ses effets tels que la nomination d’agents comptables aux compétences limitées.
Mais cet aveu n’est pas complet, car il omet d’autres aspects de la réalité tels que les ordonnateurs. L’agent comptable travaille avec un ordonnateur, peu importe son titre : directeur, chef de service, préfet, ou autre. C’est ce dernier qui lui ordonne de payer. Plus haut, se trouve le ministre de tutelle ou son équivalent qui distribue des instructions. Et au sommet, trône le patron Ismail Omar Guelleh, chef de l’État, du gouvernement, de l’administration, bref de tout le système. Alors, quid de ces gens ? Comment une ‘’gestion saine et rigoureuse’’ est-elle possible sans impliquer tous les niveaux de décision ?
La réponse, nous l’avons dit, est que le pouvoir en place n’entend pas s’amender mais seulement esquisser une fausse réaction aux derniers rapports. C’est un faux-semblant. Un de plus. Même s’il est sous la pression d’une situation qui ne cesse de se détériorer, menaçant jusqu’aux salaires des agents de l’État.
Pourtant, le réel est têtu. Il requiert de l’action, non des mots creux. Il demande des actes et des résultats mesurables. Il requiert la fin de la prédation de l’État au profit du service du peuple et du pays.
De cela, le système est-il capable ? Le doute est plus que permis. A ce sujet, notre article sur le coût de la vie et de production n’est pas inintéressant en rappels.