De plus en plus de pays d’Afrique sont pris dans le piège du surendettement. La situation a été aggravée par la pandémie de COVID-19 et le ralentissement économique mondial. Ce sont des développements qui ont affecté les choix et la marge de manœuvre financière de nombreux gouvernements africains. Selon les chiffres compilés par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, près de la moitié des pays africains peinent à rembourser leur dette.
Pour certains de ces pays aux prises avec le fardeau d’une dette croissante, la solvabilité s’est très dégradée, rendant difficile l’obtention de prêts auprès d’organisations comme le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, acteurs clés de la finance mondiale qui offrent une aide monétaire aux pays en développement. Les plus touchés de ces pays ont fait défaut sur leur dette.
Ainsi, en 2020, la Zambie a choisi de se retirer d’un remboursement d’euro-obligations de 42,5 millions de dollars, devenant le premier pays africain à faire défaut sur sa dette à l’ère du Covid-19. Riche en cuivre, le pays était confronté depuis plusieurs années à des difficultés croissantes d’endettement, notamment en raison de la baisse des prix des matières premières et de la mauvaise gestion économique. La crise sanitaire mondiale a aggravé sa situation. Le défaut de paiement de la Zambie n’a pas manqué de soulever la question de sa viabilité budgétaire et de sa capacité à honorer ses futures échéances de remboursement. En ont résulté des discussions sur la nécessité d’une restructuration de la dette.
Fin octobre 2023, le pays a conclu un accord de principe avec un groupe de détenteurs d’obligations, en vue d’un accord de restructuration. La Chine a également exhorté les autres créanciers de la Zambie à supporter un ‘’juste fardeau’’ dans les efforts de restructuration de la dette du pays.
En décembre 2023, le Ghana a suspendu le paiement de la majeure partie de sa dette extérieure de 28,4 milliards de dollars, ce qui l’a conduit à un défaut de paiement. Le pays est aux prises avec un déficit substantiel de sa balance des paiements. Le ministère des finances a annoncé sa décision de ne pas assurer le service de la dette, notamment les euro-obligations, les prêts commerciaux et la majorité des prêts bilatéraux, qualifiant cette décision de ‘’mesure d’urgence provisoire’’. Cependant, la décision a été critiquée par certains détenteurs d’obligations qui estiment qu’il y a un manque de clarté dans l’approche du gouvernement.
Plus tôt, en septembre 2023, le gouvernement ghanéen a déposé son bilan, montrant son incapacité à payer les milliards de dollars qu’il devait aux créanciers internationaux pour décembre. Les difficultés financières du pays persistent malgré l’obtention d’un prêt de 3 milliards de dollars du Fonds monétaire international (FMI).
Mardi 26 décembre 2023, l’Éthiopie a enregistré le troisième défaut de paiement de l’Afrique en trois années consécutives, après avoir échoué à payer un ‘’coupon’’ de 33 millions de dollars sur sa seule obligation d’État internationale. Ce pays de la Corne de l’Afrique est confronté à des difficultés financières accrues résultant des effets de la pandémie de COVID-19, d’une guerre civile de deux ans qui a pris fin en novembre 2022 au Tigré mais qui continue dans l’Amhara.
Grâce à un ‘’délai de grâce’’ de 14 jours, prévu dans l’accord obligataire d’un milliard de dollars, l’Éthiopie avait techniquement jusqu’à mardi pour honorer le paiement du coupon de 33 millions de dollars, initialement prévu pour le le 11 décembre. Selon des sources proches du dossier, les détenteurs d’obligations n’avaient pas reçu le coupon fin vendredi 22 décembre, dernier jour ouvrable bancaire international avant l’expiration du délai de grâce.