Pour éminemment sociale qu’elle soit, l’éducation nationale n’échappe pas à la mauvaise gouvernance qui prévaut dans ce pays. Elle est notamment victime de prédation financière.
A cet égard, l’actuel ministre de l’éducation nationale et de la formation professionnelle, Moustapha Mohamed Mahamoud, un ancien professeur d’histoire et de géographie du secondaire, qui passait pour quelqu’un de pieux avant sa nomination en 2019, est régulièrement désigné du doigt. Il est accusé de prédation tous azimuts, pratique qui n’épargnerait pas la modeste coopérative scolaire connue sous l’appellation d’ASSC (Association sportive et socio-culturelle)). Rappelons que la cotisation par élève à l’ASSC est de 1000 FD en école primaire, de 2000 FD en collège et de 5000 FD et plus en lycée.
Comme nous l’avons récemment écrit ici, le ministère a fait appel à la branche monnaie digitale appelée Waafi de Salaam Bank pour percevoir directement, au sein des établissements scolaires, les cotisations ASSC que paient les élèves. De la sorte, un compte digital a été ouvert au nom de chaque établissement d’enseignement fondamental et secondaire. De plus, les chefs d’établissements auraient été sommés de ne plus gérer directement leurs fonds ASSC mais d’établir des bons de commande pour leurs besoins tels que les frais d’entretien et autres fournitures, sans toutefois dépasser un plafond de trois cents mille francs Djibouti (300 000 FD) pour toute l’année. En d’autres termes, les établissements scolaires se seraient vus dessaisis de leurs fonds ASSC au-delà de trois cents mille francs Djibouti. Le montant des deniers dessaisis varierait selon la taille de l’école concernée. Ainsi, un collège d’enseignement fondamental de 1500 élèves perdrait : (2000 x 1500) – 300 000 = 2700 000 FD.
Or, la somme de 300 000 FD pour toute l’année est un montant insignifiant qui est loin de répondre aux besoins des établissements d’enseignement. C’est ce qu’aurait voulu faire savoir au ministre le principal d’un collège d’enseignement fondamental (CEF). Il s’agit de celui du CEF Fukuzawa, en banlieue Balbala de Djibouti-ville, la capitale djiboutienne. Cet établissement aurait perdu, à l’échelle de ses 3000 élèves, quelque 5 700 000 FD sur les 6000 000 FD d’ASSC.
A la réception du courrier explicatif du principal, le ministre Moustapha Mohamed Mahamoud aurait, pour toute réponse, relevé l’intéressé de ses fonctions et l’aurait remplacée par une enseignante extérieure à l’établissement dont le seul mérite est d’être proche de lui et de jouer son jeu prédateur. Au problème soulevé par le principal consciencieux, il aurait donc répondu par une punition abusive.
Le chef d’établissement victime se nomme Mohamed Kaourah Boulhan. Pour avoir voulu bien faire, ce responsable se serait vu traité de la sorte par un ministre qui, de l’avis du plus grand nombre de la communauté éducative djiboutienne, s’enfonce sans cesse dans la prédation des maigres ressources destinées à l’éducation nationale et à la formation professionnelle.
Au ministre mangeur, nous posons la question légitime de savoir pourquoi une telle pratique. Nous lui demandons s’il est en poste afin de gérer en bon père de famille un ministère si vital pour l’avenir de ce pays, ou s’il agit pour lui d’assassiner ce qui reste de l’éducation nationale et de la formation professionnelle. Dans le même ordre d’idées, l’état actuel de son patrimoine matériel nous intéresse, car nous voulons savoir de combien il est monté depuis sa nomination en 2019 à la tête de l’éducation nationale et de la formation professionnelle. A suivre de près.