Les nouvelles relations diplomatiques de Djibouti et la concordance avec les intérêts de la Chine.
Depuis 2017, le président de Djibouti, Ismaël Omar Guelleh, a développé des relations particulières avec des pays de l’Afrique de l’Ouest qui n’ont pas des échanges commerciaux importants avec Djibouti ni d’autres relations intéressantes connues. Ces pays sont : Guinée équatoriale, le côté Ivoire, Angola et Bénin.
Le 22 avril 2018, le président de la République de la Guinée Équatoriale à Djibouti est arrivé à Djibouti où il a été accueilli par le président de Djibouti. (https://www.presidence.dj/article/visite-detat-du-president-guelleh-en-guinee-equatoriale-un-accueil-exceptionnel-et-grandiose-591 – http://www.adi.dj/index.php/site/Plus/6478)
En décembre 2021, la République de Djibouti a ouvert une ambassade à Abidjan. (https://www.lanation.dj/le-nouvel-ambassadeur-de-djibouti-en-cote-divoire-presente-ses-lettres-de-creances-a-la-ministre-des-affaires-etrangeres/)
Depuis 2023, Djibouti a renforcé ces relations avec le Bénin et l’Angola. (https://www.aimf.asso.fr/actualite/signature-dun-accord-de-partenariat-entre-lancb-et-lancld/ – https://djiboutipress.com/fr/news/1909)
Le peuple djiboutien se demandait depuis longtemps pourquoi le président Ismaël Omar Guelleh s’intéresse particulièrement à la Guinée Équatoriale, le côté Ivoire, l’Angola et le Bénin alors que Djibouti a près de 1000 étudiants au Sénégal et elle n’a même pas un consul honoraire.
Exportations de Djibouti : Les principaux clients de Djibouti sont l’Éthiopie (61,4 % du total), la Chine (16,6 % du total), l’Inde (7,2 %), la Jordanie (2,1 %) et la République centrafricaine (1,4 %).
Importations de Djibouti : Les principaux fournisseurs du pays sont la Chine (37,7 %), l’Éthiopie (20,1 %), les Émirats arabes unis (20 %), l’Inde (10,1 %), le Maroc (6,2 %) et la Turquie (5,9 %).
Pourquoi Ismaël Omar Guelleh ne s’est-il jamais intéressé à ouvrir des représentations diplomatiques au Sénégal où nous avons plus de 1000 étudiants et la République centrafricaine avec laquelle nous avons des échanges commerciaux ?
Nous pensons qu’Ismaël Omar Guelleh est plutôt un facilitateur pour la Chine. Il joue un rôle important dans le rapprochement entre certains pays africains qui bordent la côte Atlantique et la Chine.
La preuve, les pays africains précités avec lesquels Guelleh a développé des relations particulières concordent avec les pays que plusieurs études internationales soupçonnent que Pékin a en projet d’ouvrir des bases militaires ou navales. (https://africacenter.org/fr/spotlight/considerations-relatives-a-une-eventuelle-nouvelle-base-navale-chinoise-en-afrique/)
Le mercredi 7 aout 2024, un détachement de l’Armée populaire de libération (APL) de Chine basé à Djibouti a participé à la parade à la célébration des 64 ans d’indépendance de la Côte d’Ivoire.
Si la Chine est le point de départ des nouvelles routes de la soie, la République de Djibouti en est la porte d’entrée du continent africain.
L’initiative chinoise « Une ceinture, une route » (ou Belt and Road Initiative, BRI) est un projet ambitieux lancé par la Chine en 2013. Il vise à développer des infrastructures et à renforcer les liens économiques à travers l’Asie, l’Europe et l’Afrique. En Afrique, cette initiative a un impact considérable, non seulement en termes de développement économique, mais aussi en matière de géopolitique et de sécurité, avec des implications profondes pour les relations sino-africaines.
1. Liens économiques
L’Afrique est un bénéficiaire majeur des investissements chinois dans le cadre de la BRI. La Chine finance et construit de nombreuses infrastructures sur le continent, notamment des routes, des ports, des chemins de fer et des parcs industriels. Ces projets favorisent le commerce entre l’Afrique et la Chine et entre les pays africains eux-mêmes. Cependant, ils renforcent également la dépendance de l’Afrique envers la Chine, tant pour le financement que pour la technologie et l’expertise.
2. Liens politiques
La BRI renforce les relations politiques entre la Chine et de nombreux pays africains. En fournissant des prêts et des aides sans condition de gouvernance, la Chine se présente comme un partenaire alternatif aux institutions financières occidentales. Ce soutien économique s’accompagne souvent d’un renforcement des relations diplomatiques, avec un accent mis sur le respect de la souveraineté et le non-interventionnisme, des principes chers à de nombreux gouvernements africains.
3. Liens sécuritaires
Les liens sécuritaires sont également renforcés par la BRI, bien que de manière plus subtile. La Chine a commencé à jouer un rôle plus actif dans la sécurité africaine, notamment par la participation à des missions de maintien de la paix sous l’égide des Nations Unies et le soutien logistique et financier à des initiatives locales. En échange, la Chine obtient souvent des garanties pour la protection de ses investissements et de ses ressortissants en Afrique. Certains analystes voient dans ces accords une tentative de Pékin d’assurer un environnement stable pour ses projets économiques tout en augmentant son influence militaire sur le continent.
4. Intérêts géopolitiques de Pékin
La stratégie de la BRI en Afrique sert clairement les intérêts géopolitiques de la Chine. En renforçant ses liens avec les pays africains, la Chine étend son influence sur le continent, contrebalançant ainsi l’influence traditionnelle des puissances occidentales. De plus, en sécurisant des accès à des ressources naturelles stratégiques et à des routes commerciales clés, la Chine se positionne pour devenir un acteur incontournable dans l’économie mondiale, tout en sécurisant des alliances politiques qui peuvent être utiles dans les forums internationaux.
En somme, l’initiative « Une ceinture, une route » ne se limite pas à des projets économiques ; elle constitue un vecteur d’influence multidimensionnelle pour la Chine en Afrique, intégrant des éléments économiques, politiques et sécuritaires dans une stratégie géopolitique globale.
La candidature de Djibouti à la présidence de la commission de l’Union africaine et le soupçon d’une influence chinoise.
Il n’existe pas de preuves directes ou explicites reliant la candidature de Djibouti à la présidence de la Commission de l’Union africaine (UA) à l’influence chinoise en Afrique. Cependant, certains éléments contextuels suggèrent que des liens indirects pourraient exister, étant donné les relations étroites (économiques, militaires, politiques, etc.) entre Djibouti et la Chine. Ces liens peuvent avoir des implications directes ou indirectes sur sa candidature à la présidence de la Commission de l’UA. Voici comment ces relations s’articulent :
5. Djibouti : Un point d’ancrage de l’influence chinoise en Afrique
Djibouti occupe une place centrale dans la stratégie chinoise en Afrique, en particulier dans le cadre de l’initiative « Une ceinture, une route » (BRI). La Chine a investi massivement dans les infrastructures de Djibouti, notamment le port de Doraleh et la première base militaire chinoise à l’étranger. Ces investissements font de Djibouti un partenaire stratégique pour Pékin, qui cherche à sécuriser ses routes commerciales et à renforcer sa présence militaire et économique dans la région.
6. Soutien politique potentiel
La Chine pourrait voir la candidature de Djibouti à la présidence de la Commission de l’UA comme une opportunité de consolider son influence sur le continent africain. Bien que la Chine ne soit pas un membre de l’UA et ne puisse pas voter directement, elle entretient des relations bilatérales avec de nombreux pays africains. Un candidat djiboutien à la tête de l’UA, perçu comme favorable aux intérêts chinois, pourrait recevoir un soutien discret, mais significatif de Pékin, qui pourrait influencer les votes de certains États membres africains.
7. Implications pour l’Union africaine
Si Djibouti, avec ses liens étroits avec la Chine, accédait à la présidence de la Commission de l’UA, cela pourrait avoir des répercussions sur la direction stratégique de l’organisation. La Chine pourrait chercher à influencer certaines décisions de l’UA, notamment en matière de développement des infrastructures, de commerce et de sécurité, dans le sens de ses propres intérêts. Cela pourrait également renforcer les projets de coopération entre l’UA et la Chine, notamment dans le cadre du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC).
8. Réactions des autres puissances internationales
La candidature de Djibouti, soutenue implicitement par la Chine, pourrait susciter des réactions de la part d’autres puissances internationales, comme les États-Unis et l’Union européenne, qui voient l’influence croissante de la Chine en Afrique comme une concurrence. Ces puissances pourraient tenter de soutenir d’autres candidats à la présidence de la Commission de l’UA pour contrebalancer l’influence chinoise.
9. Djibouti : Entre opportunité et défi
Pour Djibouti, l’appui potentiel de la Chine est une arme à double tranchant. D’un côté, il peut renforcer la candidature du pays en lui apportant un soutien diplomatique et peut-être même économique de la part des alliés de la Chine. De l’autre, il pourrait susciter la méfiance de certains États africains soucieux de préserver une certaine indépendance vis-à-vis des grandes puissances, notamment de la Chine.
En somme, les liens entre la candidature de Djibouti à la présidence de la Commission de l’Union africaine et l’influence chinoise en Afrique soulignent la complexité des dynamiques géopolitiques actuelles. Tandis que Djibouti cherche à renforcer son influence sur le continent, ses relations étroites avec la Chine pourraient jouer un rôle clé dans cette ambition, tout en soulevant des questions sur l’indépendance et l’autonomie de l’Union africaine face aux grandes puissances mondiales.
À ce stade, on ne peut pas exclure qu’Ismaël Omar Guelleh soit un missionnaire politique très actif dans le continent africain pour faire avancer les intérêts de la Chine, tant économique que militaire.
Hassan Cher
The English translation of the article in French.
Djibouti/UA/China: Is China on the way to completely supplanting the West on the African continent?
Djibouti’s new diplomatic relations and the alignment with China’s interests.
Since 2017, the President of Djibouti, Ismaël Omar Guelleh, has developed special relations with West African countries that do not have significant trade with Djibouti or other known interesting relations. These countries are Equatorial Guinea, the Ivory Coast side, Angola and Benin.
On 22 April 2018, the President of the Republic of Equatorial Guinea arrived in Djibouti where he was welcomed by the President of Djibouti (https://www.presidence.dj/article/visite-detat-du-president-guelleh-en-guinee-equatoriale-un-accueil-exceptionnel-et-grandiose-591 – http://www.adi.dj/index.php/site/Plus/6478)
In December 2021, the Republic of Djibouti opened an embassy in Abidjan (https://www.lanation.dj/le-nouvel-ambassadeur-de-djibouti-en-cote-divoire-presente-ses-lettres-de-creances-a-la-ministre-des-affaires-etrangeres/).
Since 2023, Djibouti has strengthened its relations with Benin and Angola. (https://www.aimf.asso.fr/actualite/signature-dun-accord-de-partenariat-entre-lancb-et-lancld/ – https://djiboutipress.com/fr/news/1909)
The people of Djibouti have long wondered why President Ismaël Omar Guelleh is particularly interested in Equatorial Guinea, the Ivory Coast, Angola and Benin, when Djibouti has almost 1,000 students in Senegal and does not even have an honorary consul.
Djibouti’s exports: Djibouti’s main customers are Ethiopia (61.4% of the total), China (16.6% of the total), India (7.2%), Jordan (2.1%) and the Central African Republic (1.4%).
Djibouti imports: The country’s main suppliers are China (37.7%), Ethiopia (20.1%), the United Arab Emirates (20%), India (10.1%), Morocco (6.2%) and Turkey (5.9%).
Why has Ismaël Omar Guelleh never shown any interest in opening diplomatic representations in Senegal, where we have more than 1,000 students, and the Central African Republic, with which we trade?
We think that Ismaël Omar Guelleh is more of a facilitator for China. He plays an important role in bringing together certain African countries that border the Atlantic coast and China.
The proof is that the aforementioned African countries with which Guelleh has developed special relations coincide with the countries that several international studies suspect that Beijing is planning to open military or naval bases. (https://africacenter.org/fr/spotlight/considerations-relatives-a-une-eventuelle-nouvelle-base-navale-chinoise-en-afrique/)
On Wednesday 7 August 2024, a detachment of the Chinese People’s Liberation Army (PLA) based in Djibouti took part in the parade celebrating 64 years of independence for Côte d’Ivoire.
(https://news.abidjan.net/galeries/53843/celebration-des-64-ans-dindependance-de-la-cote-divoire-un-detachement-de-larmee-populaire-de-liberation-apl-de-chine-base-a-djibouti-participe-a-la-parade)
If China is the starting point for the New Silk Roads, the Republic of Djibouti is the gateway to the African continent.
China’s Belt and Road Initiative (BRI) is an ambitious project launched by China in 2013. It aims to develop infrastructure and strengthen economic links across Asia, Europe and Africa. In Africa, this initiative has a considerable impact, not only in terms of economic development, but also in terms of geopolitics and security, with profound implications for Sino-African relations.
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Economic links
Africa is a major beneficiary of Chinese investment under the BIS. China finances and builds numerous infrastructure projects on the continent, including roads, ports, railways and industrial parks. These projects promote trade between Africa and China and between African countries themselves. However, they also increase Africa’s dependence on China, both for financing and for technology and expertise.
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Political links
The BIS strengthens political relations between China and many African countries. By providing loans and aid without conditions of governance, China presents itself as an alternative partner to Western financial institutions. This economic support is often accompanied by a strengthening of diplomatic relations, with an emphasis on respect for sovereignty and non-interventionism, principles dear to many African governments.
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Security ties
Security ties are also being strengthened by the BRI, albeit in a more subtle way. China has begun to play a more active role in African security, notably through participation in peacekeeping missions under the aegis of the United Nations and logistical and financial support for local initiatives. In exchange, China often obtains guarantees for the protection of its investments and nationals in Africa. Some analysts see these agreements as an attempt by Beijing to ensure a stable environment for its economic projects while increasing its military influence on the continent.
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Beijing’s geopolitical interests
The BIS strategy in Africa clearly serves China’s geopolitical interests. By strengthening its ties with African countries, China is extending its influence on the continent, thereby counterbalancing the traditional influence of Western powers. Moreover, by securing access to strategic natural resources and key trade routes, China is positioning itself to become a key player in the global economy, while securing political alliances that can be useful in international forums.
In short, the « One Belt, One Road » initiative is not limited to economic projects; it constitutes a multidimensional vector of influence for China in Africa, integrating economic, political and security elements into a global geopolitical strategy.
Djibouti’s candidacy for the chairmanship of the African Union Commission and the suspicion of Chinese influence.
There is no direct or explicit evidence linking Djibouti’s bid to chair the African Union (AU) Commission to Chinese influence in Africa. However, certain contextual elements suggest that indirect links may exist, given the close relations (economic, military, political, etc.) between Djibouti and China. These links may have direct or indirect implications for his candidacy for the chairmanship of the AU Commission. Here is how these relations are structured:
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Djibouti: An anchor of Chinese influence in Africa
Djibouti occupies a central place in China’s strategy in Africa, particularly in the context of the « One Belt, One Road » (OBR) initiative. China has invested heavily in Djibouti’s infrastructure, including the port of Doraleh and China’s first overseas military base. These investments make Djibouti a strategic partner for Beijing, which is seeking to secure its trade routes and strengthen its military and economic presence in the region.
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Potential political support
China could see Djibouti’s bid to chair the AU Commission as an opportunity to consolidate its influence on the African continent. Although China is not a member of the AU and cannot vote directly, it has bilateral relations with many African countries. A Djiboutian candidate for the AU, perceived as favourable to Chinese interests, could receive discreet but significant support from Beijing, which could influence the votes of certain African member states.
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Implications for the African Union
If Djibouti, with its close ties to China, were to take over the chairmanship of the AU Commission, this could have repercussions for the strategic direction of the organisation. China could seek to influence certain AU decisions, notably on infrastructure development, trade and security, in line with its own interests. This could also strengthen cooperation projects between the AU and China, notably in the framework of the Forum on China-Africa Cooperation (FOCAC).
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Reactions from other international powers
Djibouti’s bid, implicitly supported by China, could provoke reactions from other international powers, such as the United States and the European Union, which see China’s growing influence in Africa as competition. These powers could try to support other candidates for the chairmanship of the AU Commission to counterbalance China’s influence.
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Djibouti: Between opportunity and challenge
For Djibouti, China’s potential support is a double-edged sword. On the one hand, it could strengthen the country’s bid by providing diplomatic and perhaps even economic support from China’s allies. On the other hand, it could arouse the mistrust of certain African states anxious to preserve a degree of independence from the great powers, particularly China.
In short, the links between Djibouti’s bid to chair the African Union Commission and China’s influence in Africa highlight the complexity of current geopolitical dynamics. As Djibouti seeks to strengthen its influence on the continent, its close relationship with China could play a key role in this ambition, while raising questions about the independence and autonomy of the African Union from the world’s major powers.
At this stage, it cannot be ruled out that Ismaël Omar Guelleh is a very active political missionary on the African continent to advance China’s interests, both economic and military.
Hassan Cher
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